L’imbécillité est contagieuse : les journalistes sont de plus en plus souvent pris pour cibles par quelques gilets jaunes dans un état d’excitation proche de l’hystérie. Leur réaction est aussi lamentable que le recours à la violence des « casseurs ».

Hélas, il y a peu de chance d’arriver à les raisonner.

Si le recours à la violence répondant à la violence du pouvoir macronien et, par voie de conséquence, à la violence des forces de police, peut aisément se comprendre, les insultes, les agressions physiques à l’encontre des journalistes doivent cesser.

Ceux qui se livrent à de tels actes (dont la progression chaque semaine est inquiétante) se complaisent dans une confusion insupportable. Les journalistes sont des salariés, comme eux, victimes des politiques patronales, comme eux, placés dans un état de suggestion, comme eux, connaissant des blocages de salaires, comme eux, et de plus en plus souvent dans une situation de précarité, comme eux.

Les donneurs d’ordre des journalistes sont les sbires des milliardaires qui ont fait main basse sur les médias ; ces sbires sont sur un siège éjectable, à tout moment. En revanche, ils sont grassement payés. Leurs patrons entretiennent l’illusion qu’ils sont de « grands journalistes » qui se distinguent de la grande masse de ceux qui enquêtent, vont sur le terrain, qu’ils appellent avec condescendance les « soutiers ».

Les milliardaires des médias s’appellent Drahi, Bolloré, Dassault, Arnault, Pinault, Lagardère et, maintenant, Kretinsky (un oligarque tchèque dont la principale activité est l’énergie, y compris les centrales à charbon).

Faut-il préciser que ces milliardaires paient sans doute moins d’impôt que tous les gilets jaunes réunis, qu’ils se cachent dans leurs luxueuses propriétés derrière de hauts murs et pratiquent l’entre-soi. Qu’ils fréquentent plus aisément leurs homologues du CAC 40 que les comités d’entreprise et qu’ils partagent les sièges de leurs conseils d’administration avec les représentants des fonds d’investissement américains, anglais, hollandais, qataris, saoudiens, etc.

Ils ont pris le pouvoir sur la politique et facilité l’arrivée de Macron à l’Elysée.

C’est à eux que les gilets jaunes doivent demander des comptes, pas aux journalistes.