Jupiter, le dieu des dieux des Romains, a guidé Numa Pompilius dans la rédaction des institutions romaines. L’Elysée était un lieu qualifié par les Grecs de délicieux, une région des enfers où séjournaient les héros et les défenseurs de la patrie, morts en combattant.
A la lecture de sa lettre aux Français, on s’aperçoit qu’Emmanuel Macron s’empare à nouveau de la mythologie pour tenter d’apparaître comme le seul défenseur de la démocratie, bien abimée en ce moment.
Mais là où Numa Pompilius prônait le droit, la loi et les bonnes moeurs, Macron, lui, brandit les sujets interdits (ISF, SMIC, réforme du code du travail, etc.)
Jupiter incarné n’hésite pas à utiliser le pronom personnel de la première personne (26 fois « je » dans sa lettre) « Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d’accord sur tout, c’est normal, c’est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre. » C’est bien Jupiter qui s’adresse aux Français!
Il promet d’ouvrir l’élysée des Grecs, lieu agréable où il fait bon séjourner, à tous. Il voit déjà une France sous hypnose pour le laisser accomplir son œuvre destructrice !
Il organise un grand débat national dont il dit qu’il « peut sortir une clarification de notre projet national et européen, de nouvelles manières d’envisager l’avenir, de nouvelles idées. » Dans le projet national de Jupiter-Macron, cependant, derrière le charabia appris à l’ENA, la plèbe restera avec ses droits restreints de classe de second ordre. C’est du n’importe quoi, mais c’est le signe d’un mépris persistant et de la négation des inégalités qui se creusent encore et toujours et de la pauvreté qui s’étend chaque jour davantage. Macron nie toutes ces vies gâchées par sa politique.
Il bannit néanmoins du débat tout ce qu’il a déjà cassé en dix-huit mois (qui fait l’objet de toutes les contestations) et tous les cadeaux à ceux pour qui l’élysée est déjà le lieu habituel de résidence, vautrés qu’ils sont sur le matelas de leur immense fortune.
Il désigne des organisateurs, appartenant tous à la classe des nantis, que ce soit Emmanuelle Wargon, fille de Lionel Stoléru, énarque et qui est allée pantoufler chez Danone, Sébastien Lecornu, un jeune homme bien sous tous rapports (il a été adhérent de l’UMP dès sa 16e année et conseiller de François Fillon). Quant au collège des garants, ils seront nommés par le gouvernement, les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social. Dormons sur nos deux oreilles, ces gens-là feront preuve de solidarité intellectuelle pour ne pas empêcher la France en Marche.
On n’attendra peu de choses du grand débat, sinon une nouvelle manipulation par la clique à Macron pour justifier son nouveau monde, plus rétrograde encore que l’ancien.
Alors, il ne restera plus aux plébéiens qu’à se retirer sur le Janicule pour organiser la lutte et imposer de nouvelles lois hortensiennes. Car, ne nous y trompons pas, Macron n’est qu’un épisode, cruel certes, mais qu’un épisode qu’il s’agit de dépasser, tous ensemble, pour un monde vraiment nouveau.
Au fond, la démocratie du peuple par le peuple et pour le peuple. On y revient.