Il se passe assurément des choses importantes dans la France d’Emmanuel Macron aujourd’hui. Dans un communiqué commun inédit, 13 organisations syndicales se déclarent, dans un langage guerrier, ‘’prêtes à la mobilisation’’ pour les retraites.

Il faut croire que la situation est grave pour retrouver le sigle de la CFDT (plutôt conciliante avec le libéralisme) aux côtés de ceux de la CGT, FO, CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, des deux syndicats étudiants, UNEF et FAGE, et de trois syndicats lycéens, VL, FIDL et MNL.

Le communiqué est sobre, court, mais il démontre néanmoins tous les ravages que pourrait engendrer le projet de loi sur les retraites et ajoute : « Les organisations syndicales réaffirment qu’elles sont, comme la très grande majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite comme à toute augmentation de la durée de cotisation. La jeunesse, déjà fortement touchée par la précarité, serait fortement impactée par ce projet. Pour l’intersyndicale, des alternatives, y compris financières, existent pour améliorer les fins de carrière et les montants des pensions tout en faisant reculer les inégalités touchant particulièrement les femmes. »

La loi se fait à l’Assemblée nationale et non à l’Elysée ; c’est pourtant dans les bureaux du palais présidentiel que le gouvernement et la première ministre, simple exécutante, ont reçu l’ordre d’avoir recours à l’article 49-3 de la constitution à 7 reprises pour adopter sans vote les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale.

Emmanuel Macron s’est essuyé les pieds sur les costumes des députés ; il n’est pas sûr qu’il pourra agir de la même façon, honteuse et antidémocratique, avec les organisations syndicales.

Leur appel à la mobilisation pour des grèves et manifestations en janvier sera entendu par leurs adhérents, si Emmanuel Macron, lui, ne veut rien entendre.

Après avoir perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale, le président autoritaire et hautain, qui décide de tout (pour le plus grand bonheur des riches et de leurs patrimoines), a déjà perdu la bataille de l’opinion, malgré une campagne de communication relayant de fausses informations alarmistes sur l’état réel des caisses de retraites, notamment ; les syndicats s’affirment en faux contre les arguments présidentiels : « Le système par répartition n’est pas en danger, y compris pour les jeunes générations. Le gouvernement instrumentalise la situation financière du système de retraites et affirme, à tort, que le recul de l’âge légal de la retraite est un impératif. »

Mais il ne perdra la guerre des retraites que si (et seulement si) le front uni des syndicats ne se fissure pas, victime de stratagèmes élaborés secrètement, de nuit, entre quelques félons et les sbires de Macron.

La mobilisation se décrète quand la patrie est en danger ; aujourd’hui, ce n’est pas la patrie qui est en danger, mais le système social imaginé par le Conseil national de la Résistance et élaboré au sortir de la guerre par un gouvernement d’union, présidé par De Gaulle. Macron, lui, veut effacer tout ce qui en reste et enfoncer le pays dans un régime de précarité absolue.

Finalement, la patrie, une et solidaire, est bien en danger.