Les Français (mais pas qu’eux) confinés redécouvrent la lecture. C’est bien la seule bonne nouvelle en cette période de pandémie mortelle.
Les librairies sont fermées ; certains s’en désolent et réclament leur réouverture. D’autres font de la résistance, comme Rodolphe Rust de la librairie/galerie La Mauvaise Réputation à Bordeaux, qui, sur le site Actualitté, écrit :
« Nous ne sommes pas n’importe qui ! Nous sommes un peuple essentiel qui a des lettres ! Laissez-moi flâner chez un libraire ! C’est essentiel ! Je te le dis gentiment, ami lecteur, va mourir ! Pour peu que Bruno Le Maire décide que nous soyons indispensables, je vous préviens que Jardiland devra ouvrir pour ma mère, le bistrot du coin pour le voisin et la pizzeria locale pour un pote dont c’est la nourriture primordiale. Chacun ses priorités. »
L’argument est recevable.
Rodolphe Rust, qui utilise largement le point d’exclamation, est un libraire qui ne craint rien ni personne, pas même Amazon. Grâce au prix du livre unique.
Donc, lisons en favorisant notre libraire et boycottons Amazon !
Dans les moments de crise, le livre est non seulement nécessaire, il est un refuge et un moyen de réfléchir intelligemment, loin de TF1 et de son Koh-Lanta, de France 2 et de ses émissions d’une rare sottise comme Ça commence aujourd’hui ou Affaire conclue et bien d’autres. Et d’ailleurs, les moments de crise ont largement prouvé que les Français avaient besoin du livre.
Le Traité sur la tolérance de Voltaire avait connu des records de ventes après l’attentat contre Charlie Hebdo et Paris est une fête d’Ernest Hemingway s’était arraché après les attentats du 13 novembre à Paris.
Aujourd’hui, le coronavirus a dopé les ventes de la Peste d’Albert Camus.
Que les Français lisent la Peste est plutôt une très bonne nouvelle, car si le lauréat du prix Nobel a trouvé l’inspiration dans une épidémie qui avait frappé Alger et Oran, celle-ci n’est que la métaphore d’un mal absolu, le nazisme, c’est-à-dire le racisme. Ce mal qui ronge aussi la France aujourd’hui et sans doute plus profondément que le coronavirus.
S’il est difficile de lutter contre la pandémie actuelle, il est encore plus difficile d’éradiquer tous les racismes, exprimés ou non.
S’il suffit d’un vaccin et du confinement pour vaincre le premier, il faut énormément de livres pour espérer défaire nos sociétés de l’autre.