J’avais un vieux copain qui aimait répéter : « Je ne sais pas si l’intelligence a des limites, mais la connerie, elle, n’en a pas. »

Les sondages auxquels s’abreuvent goulument les médias m’ont remis en mémoire à la fois ce vieux copain et sa sentence. Ce matin, en ouvrant mon ordinateur, je découvre en effet sur la page d’accueil Orange ces deux titres côte à côte : « Confiance : la cote de Macron bondit (+13) en pleine crise sanitaire » et « Coronavirus : les Français ne font plus confiance au gouvernement ».

La première ‘’information’’ fait référence à un sondage Harris Interactive – Epoka publié vendredi, la seconde à un autre sondage réalisé par BVA pour Orange et Europe 1.

La France est à l’arrêt, pas les instituts de sondage. Mais eux aussi ont sans doute été atteints par un virus, plus grave encore que le Covid 19. Et j’ai peur que celui-là soit incurable. Ils continuent à sonder, sans se soucier s’ils se contredisent et trompent les citoyens, sommés de croire leurs âneries.

Mais avec ces deux sondages, on fait deux informations et, sous le prétexte d’informer, on plonge le cerveau des Français dans l’ignorance, la confusion et le rejet des médias.

Le gouvernement aussi se complaît dans la désinformation et tente d’entretenir la confusion. Olivier Véran, médecin et tout nouveau ministre de la santé, communique par Twitter, comme Trump (mais toute ressemblance est fortuite sans doute). Il écrit sur son compte : « Beaucoup a été dit, à tort ou à raison, sur nos équipements en masques de protection, face au Covid 19. En toute transparence, voici la situation dont nous avons hérité. »

De qui se moque ce petit nouveau qui apprend si vite ?

Hier, il était socialiste et déjà député ; il siégeait à la commission des affaires sociales. Ce député, donc, a tout voté sous le pitoyable règne de François Hollande, en compagnie de Benjamin Griveaux (à qui il doit son maroquin !). Et dans le gouvernement socialiste on trouvait un certain Emmanuel Macron, ministre de l’économie ?

Non seulement la connerie n’a pas de limites, mais chez nos gouvernants la mémoire est courte, très courte.

Pour lutter contre toutes les désinformations, il faut s’armer intellectuellement. Les fondateurs des syndicats à la fin du XIXe siècle l’avaient compris ; l’une de leurs premières tâches avait été de créer des bibliothèques dans les Bourses du travail.

On recommence ?