Je ne connaissais pas Agnès Pannier-Runacher jusqu’à récemment. Elle n’est que secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances ; Emmanuel Macron faisant beaucoup d’ombre à ses ministres, les détenteurs d’un sous-maroquin sont confinés dans un rôle subalterne et appelés à rester dans l’anonymat absolu.
Son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, qui frétille et se démène comme un beau diable pour gravir un échelon et prendre la place d’Edouard Philippe, ne fait rien pour lui laisser apercevoir un rayon de lumière.
Et, patatras, la pauvre (au figuré) Agnès Pannier-Runacher tient conférence de presse sur les masques (dont on sait que la France en a privé soignants et citoyens en liquidant stocks et fabricants) et lâche la phrase qui tue : « Un masque peut avoir différentes caractéristiques, qu’il s’agisse du nombre d’utilisations, de marques éventuellement. Pour ces raisons, l’approche qui consiste à dire ‘’il y a un prix maximum’’ risquerait de freiner l’innovation. »
Les Français n’ont pas attendu la secrétaire d’Etat pour faire preuve d’innovation ; devant l’incurie des gouvernants successifs, ils se sont mis à la couture et ont fabriqué des masques eux-mêmes.
Quant au frein à l’innovation (expression sans doute une réminiscence de cours à HEC et à l’ENA fréquentées par la pauvre sous-ministre), n’est-il pas plutôt à rechercher du côté de ceux qui ont fermé les usines, amputés les services publics, réduits les crédits pour l’enseignement et la recherche, etc.
Agnès Pannier-Runacher est sortie de l’ombre ; qu’elle y retourne nous laissera insensible. Elle peut même aller pantoufler chez Faurecia ou à la Compagnie des Alpes, comme elle l’a déjà fait, mais qu’elle se taise et laisse la place à de vrais ministres ayant le sens des communs, du service public au service du public et non celui des fonds américains comme BlackRock.