Le monde de l’édition est en effervescence dans l’attente de la décision de Bruxelles concernant la prise de contrôle de Groupe Lagardère (et, par voie de conséquence, d’Hachette) par Vincent Bolloré (et, par ricochet, la vente d’Editis à Kretinsky). Les œuvres de l’esprit sont en jeu. Avec Bolloré, il s’agit d’un jeu cruel pour les esprits libres et contestataires.
Dans ce contexte d’agitation extrême, il est prudent de se méfier des rumeurs. Mais, en lisant un article de Nicolas Gary sur l’excellent site Actualitté, tout esprit sensé frémit :
« Les auteurs — les faiseurs — qui auront observé comment Vivendi a su jouer de ses atouts pour valoriser les écrivains d’Editis, considéreront avec d’autant plus d’intérêt le groupe Hachette. Peut-être pas si Nicolas Sarkozy en devient le directeur général, comme cela se dit depuis quelque temps. Mais encore que. »
Peut-on imaginer Nicolas Sarkozy s’installer dans le bureau de directeur d’Hachette ? Et succèder (même de très loin) à Louis Hachette dont la devise, « Sic quoque docebo » (« Ainsi j’enseignerai quand même »), était un engagement majeur dans une époque où l’école n’était pas encore obligatoire.
Il faut se rappeler la saillie du candidat à la présidence de la République le 23 février 2006 à Lyon, « L’autre jour, je m’amusais – on s’amuse comme on peut – à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves. Imaginez un peu le spectacle ! »
Elu président de la République, il récidivait, en juillet 2008 en faisant l’apologie du bénévolat ; en croyant faire un bon mot, il osait déclarer : « Ça vaut autant que de savoir par coeur La Princesse de Clèves. J’ai rien contre, mais… bon, j’avais beaucoup souffert sur elle. »
La princesse de Clèves est en état de sidération et nous aussi !
Si, par malheur, l’information d’ActuaLitté n’était pas une fausse nouvelle, ce serait affligeant, inquiétant et surtout la confirmation de la signification de la Croisade idéologique de Vincent Bolloré.