La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la santé vient de publier les résultats d’une enquête inquiétante et qui doit interroger les citoyens à quelques mois d’élections décisives.
La désertification des établissements de santé s’accentue : en cinq ans, le nombre d’hôpitaux et cliniques a fortement diminué. De 3036 structures (1356 hôpitaux publics, 681 privés et 999 privés à but non lucratif) en 2018, on est tombé en 2020 à moins de 3000 avec 2983 structures. Ce sont les hôpitaux publics qui enregistrent le plus de fermetures : 4,2% entre 2013 et 2018, contre 1,3% pour les cliniques privées ; les établissements privés à but non lucratif, eux, conservent le même nombre de sites.
A ces fermetures d’hôpitaux et cliniques, il faut ajouter la fermeture de lits : 17 500 depuis 2013, dont 5758 en un an (il en reste 386 835).
La désertification du territoire se poursuit inexorablement, même en pleine pandémie et les zones rurales sont les plus touchées par cette politique qui vise à favoriser ce que le ministère appelle le virage ambulatoire. Néanmoins, la fermeture de lits a une autre cause, qualifiée de ‘’contraintes de personnel’’ par le ministère, c’est-à-dire les contraintes budgétaires imposées aux hôpitaux et la fuite des soignants vers des métiers mieux reconnus et plus rémunérateurs.
S’il ne faut pas rejeter d’emblée les évolutions, comme la chirurgie ambulatoire, résultat des progrès de la médecine chirurgicale, les chiffres de la DREES sont inquiétants. Le système sanitaire français, resté longtemps un modèle dans le monde, s’appauvrit depuis les lois successives (loi Bachelot, notamment) élaborées par des gouvernements entièrement acquis au néo-libéralisme et pour lesquels la santé est un coût. Honteux !
Le néo-libéralisme a rayé le mot progrès de son vocabulaire, préférant le mot-valise d’innovation, qui cache tous les reculs sociaux permettant aux grands groupes de verser des dividendes ronflants à leurs actionnaires, les fonds d’investissement comme BlackRock.
Notre santé n’est pas un coût, c’est un investissement et un service public. Il faudra s’en souvenir au moment de glisser un bulletin de vote au printemps prochain.