Notre fabuliste, La Fontaine, avait déjà raison : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » Notre coronavirus frappe fort, comme la peste !

Renault et l’industrie de l’habillement ont déjà annoncé la couleur. Sombre, très sombre (beaucoup plus noire que l’Outrenoir de Pierre Soulages !) et les chiffres du chômage ont immédiatement bondi à un niveau inégalé. Laissant entrevoir son lot démesuré de drames humains.

A ce jeu-là, Macron est toujours gagnant.

Certains patrons ont saisi l’occasion de restructurer, comme ils disent dans leur novlangue, pour travestir leur stratégie ; car, dans le même temps, ils licencient et parlent de travailler plus, quand les syndicats parlent, eux, de réduire le temps de travail à 32 heures pour que tout le monde travaille.

Tous les secteurs d’activités vont payer un lourd tribut; aucun ne sera épargné.

La culture, dédaignée par le président de la République, sera durement impactée, elle aussi, avec la suppression de tous les festivals comme celui d’Avignon.

Les annonces du premier ministre, hier, concernant le cinéma et le spectacle vivant sont un leurre, car rien ne s’improvise, tout est le résultat de longues répétitions, de costumes, de décors, de mise en scène, etc. La reprise d’une activité normale n’est pas pour demain ; compagnies et de lieux culturels sont menacés, à court terme.

Le livre aussi souffre, et plus particulièrement son canal de vente : déjà, Actes Sud a décidé de fermer la seule librairie spécialisée dans l’archéologie, l’histoire antique, la linguistique et le patrimoine, Picard & Epona, dans le quartier latin. Gibert Joseph, de son côté, a annoncé la fermeture de trois librairies à Aubergenville, Chalon-sur-Saône et Clermont-Ferrand, dont la trentaine de salariés totalise près de 400 années d’ancienneté cumulées.

Les prétendues annonces fortes du président de la République en faveur de la culture sont déjà fracassées et apparaissent pour ce qu’elles étaient, de la poudre aux yeux.

Comme dans le domaine hospitalier, les salariés sont mobilisés et ne se contentent pas des promesses d’Emmanuel Macron. Dans un communiqué, la fédération CGT du spectacle appelle à l’action :

« Il est absolument nécessaire, pour sortir de cette crise, de penser un plan de relance ambitieux de la Culture. Il passe par une redéfinition des politiques publiques et un vaste plan d’investissement, dans la production et la diffusion, de soutien aux entreprises, fléché vers l’emploi permanent et intermittent, la mise à contribution des GAFA… La diversité des expressions dans le spectacle vivant, le cinéma, l’audiovisuel, l’accueil de tous les publics, le volume d’activité et la qualité de l’emploi sont en danger : la mobilisation continue ! »

L’organisation majoritaire dans le secteur rappelle aussi que « la culture est un investissement dans l’intelligence. Ce n’est pas le moment de l’oublier ! »

Comme un symbole, c’est maintenant que Guy Bedos nous quitte. On ne peut s’empêcher d’imaginer ce qu’il aurait dénoncé avec son humour corrosif.

Malgré cette perte, le spectacle doit continuer ; la vie doit continuer ; l’activité industrielle doit continuer. Et cela dépend de nous. Tous.