Les motifs d’indignation sont nombreux : Emmanuel Macron rouvre le Puy du Fou de son nouvel ami Philippe de Villiers, mais pas la cour des Papes du Festival d’Avignon, il rouvre les églises mais pas les salles de cinéma, il laisse les grandes surfaces alimentaires ouvertes mais pas les musées, il incite les salariés à rentrer dans les usines mais pas dans les parcs.

Le message envoyé aux ‘’cultureux’’ est clair et sans ambiguïté.

Il prend le temps de téléphoner à Bigard, mais, au cours de la séance d’ouverture du Ségur de la santé, il déconnecte le représentant de la CGT, premier syndicat dans le secteur, pour donner la parole à la CFDT, dont on attend encore qu’elle prenne clairement la défense de l’hôpital public. Et le premier ministre parle de changement de rythme mais, sublime précision, pas nécessairement de changement de cap.

Le message envoyé aux soignants est clair et sans ambiguïté.

La Commission européenne présente aujourd’hui son plan de relance de l’économie ; le couple Macron-Merkel avait pris de l’avance en présentant le sien, immédiatement contesté par ceux qu’on a appelé les ‘’frugaux’’ (Pays-Bas, Suède, Danemark et Autriche). Tempête dans un verre d’eau, car les deux versions sont nettement insuffisantes : 500 milliards d’euros quand le seul plan allemand atteint 1000 milliards et que le total des plans nationaux déjà annoncés se montent à plus de 2000 milliards. La mobilisation européenne est en outre pavée de mauvaises intentions, car Merkel et Macron n’ont pas manqué d’avouer que ces aides devraient s’accompagner de « politiques économiques saines et un programme de réformes ambitieux ». Derrière les mots, c’est un tour de vis austéritaire qui se profile.

Le message envoyé aux salariés et clair et sans ambiguïté.

De tout cela, en entend-on parler dans les médias ?

Je suis perpétuellement interloqué par les choix éditoriaux des ‘’grands médias’’, y compris de service public.

La place laissée à ceux qui ne pensent pas comme Emmanuel Macron est calculée chichement ; le droit d’expression n’est pas contesté, mais il est interdit de médias, comme on disait interdit d’antenne à propos des chansons de Jean Ferrat ou de Boris Vian.

Interdite d’antenne également une initiative inédite d’organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires, Confédération paysanne, UNEF et UNL), d’associations (Greenpeace, Alternatiba, Les Amis de la Terre, ATTAC, Fondation Copernic, Oxfam, Convergence nationale, Actionaid, etc.) présentant une plateforme commune, un ‘’Plan de sortie de crise’’ en 34 mesures immédiates en réponse aux urgences sociales et écologiques. La coalition est originale et importante et, surtout, la quasi totalité des partis de gauche (PS, PCF, EELV, Génération.s, etc.), à l’exception de LFI et NPA, se sont engagés à poursuivre la démarche et à signer une déclaration commune.

L’événement est-il passé inaperçu dans les salles de rédaction ?

Culture, santé, emplois et droits sociaux ? Les grands oubliés des médias ? Certes, non. Les choix éditoriaux ne doivent rien au hasard ou à une quelconque fainéantise intellectuelle, mais à des choix politiques d’encadrement de l’information pour détourner l’attention des citoyens de ce qui se joue à l’Elysée, à Bruxelles, à Berlin et, surtout, à la bourse.

Le jour d’après est un combat, comme le droit à la culture, à la démocratie économique et sociale. Mais le peuple uni a bien fini par prendre la Bastille…