Jean-Marie Bigard est un prétendu humoriste qui a fait de la grossièreté et du sexisme son fonds de commerce ; il a interpellé le président de la République à propos de la fermeture des bistrots : « J’en ai marre de voir des guignols nous diriger. »

L’argument est vraiment digne du personnage franchouillard ; on peut l’ignorer.

Emmanuel Macron, lui, a préféré lui téléphoner, par l’intermédiaire d’un autre ‘’beauf’’, Patrick Sébastien, pour lui donner raison et annoncer un échéancier pour la réouverture des bistrots.

Bigard était transporté de joie et a couvert de louanges l’hôte de l’Elysée. Le buzz était assuré et l’humoriste triste a été invité à commenter cet entretien de la plus haute importance stratégique sur Sud Radio en termes toujours aussi châtiés :

« Je ramène ma gueule, je chie sur le président et le président m’appelle. Certains journalistes me tournent en ridicule depuis plusieurs jours puisque j’ai réussi à parler à Macron au téléphone pour qu’il puisse écouter ma colère qui est aussi celle de millions de personnes. (Suite à mes coups de gueules sur Facebook pendant le confinement). J’aimerais dire à ces journalistes que je suis désolé si eux n’arrivent pas à parler au président. Peut être aussi qu’ils n’ont pas grand-chose d’intéressant à lui dire. J’ai peut être pas la carte de presse, mais moi j’ai encore une paire de couilles. »

Un morceau d’anthologie qui mérite de passer à la postérité.

Emmanuel Macron n’a pas fini de nous étonner. Il est allé consulter le professeur Didier Raoult, par l’intermédiaire de son épouse, Brigitte ; la première dame de France jouant les entremetteuses, rien ne nous sera épargné.

Le président et le médecin ont fait assaut d’amabilité ; le premier qualifiant le second de grand scientifique et le médecin qualifiant le président d’homme intelligent qui comprend tout. Entre grands hommes, on se comprend instantanément.

Au début du mois, Eric Zemmour avait été agressé dans la rue et le président avait décroché son téléphone pour réconforter le trublion de la droite xénophobe, qui s’était empressé d’alerter la torchon de l’extrême droite, Valeurs actuelles.

Encouragé sans doute par cette débauche d’énergie du président, l’agité du bocage, Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, s’était rappelé au souvenir d’Emmanuel Macron qui lui avait promis la réouverture des parcs d’attraction. Réponse immédiate du président par SMS :

« Décision prise ce matin en conseil de défense : on commence dès aujourd’hui le travail en vue de la réouverture, objectif 2 juin. Mandat est donné au préfet de commencer le travail dès aujourd’hui. »

La réouverture du Puy du Fou, parc révisionniste, confiée au conseil de défense ? Renversant.

Avec Macron, le bonheur c’est simple comme un coup de fil (c’est ce que prétendait déjà une publicité de France Télécom dans les années 1980 ; elles est visiblement toujours d’actualité). Hier, c’était Hanouna qui souhaitait son anniversaire au président et aujourd’hui, c’est le président qui téléphone à Bigard, Zemmour, Philippe de Villiers et se déplace pour voir Raoult ; je trouve que le président de la République cultive beaucoup de relations avec l’extrême droite.

Paul Ricoeur, reviens, ton élève est devenu fou.

Les personnels hospitaliers, les pompiers, les enseignants, les pauvres et les syndicats obtiennent beaucoup moins de réponse à leurs appels que ces figures grotesques.

C’est inquiétant pour le jour d’après et les jours suivants. Très inquiétant.