La Voix du Nord n’a pas publié la lettre de candidature d’Emmanuel Macron dans son intégralité dans l’édition ‘’papier’’ (mais reprise in extenso sur son site) et son rédacteur en chef, Patrick Jankielewicz, a expliqué que « Emmanuel Macron candidat n’est pas Emmanuel Macron président. S’il s’exprime dans le cadre de la campagne, il le fait comme tous les autres candidats, qui ont généralement annoncé leurs intentions lors de conférences de presse. Nous avons pu les interroger et leurs réponses ont été analysées et disséquées avant d’atterrir sur nos pages. »

Le journaliste a ajouté que « Nous ferons de même si d’autres candidats nous transmettent un tel texte. »

Le quotidien nordiste s’était déjà distingué en 2018 en refusant de publier une interview du président de la République recueillie par quelques représentants de la presse quotidienne régionale, triés sur le volet, pour protester contre la réécriture des réponses par les conseillers politiques de l’Elysée.

L’attitude de la rédaction du quotidien est remarquable ; elle a ainsi refusé de se prêter à la communication politique et affirmé sa volonté de respecter les lecteurs en restant maîtresse de l’information.

L’Elysée avait négocié la publication de la lettre du candidat avec le syndicat des quotidiens régionaux, qui, une fois encore, a accepté de prêter son concours à la communication d’Emmanuel Macron, piétinant sans vergogne l’éthique et les principes professionnels des journalistes en s’adressant directement aux lecteurs et en marquant sa volonté de se rapprocher des électeurs du territoire (« Avec vous, pour vous. »), loin du ’’microcosme parisien’’.

La décision de la Voix du Nord s’explique d’autant mieux que la fameuse lettre était sur tous les réseaux sociaux dès la veille de sa publication par la PQR.

Il est toutefois regrettable que d’autres rédacteurs en chef n’aient pas imité la Voix du Nord, laissant accréditer l’idée que le quatrième pouvoir n’était pas autonome et avait abdiqué son rôle social de contrepoids dans une société authentiquement démocratique.

La Voix du Nord, elle, s’est refusée à n’être que la Voix de son maître !