L’AFP perd, elle aussi, ses repères et son éthique. Une de ses (longues) dépêches de la nuit nous apprend que « Les quatre premiers touristes spatiaux de SpaceX ont regagné la Terre samedi soir après avoir passé trois jours dans l’espace, couronnant de succès la première mission orbitale de l’Histoire n’ayant comporté aucun astronaute professionnel à bord. »

On est content pour eux.

L’AFP se croit obligée d’ajouter : « Le but affiché de la mission était de marquer un tournant dans la démocratisation de l’espace, en prouvant que le cosmos est aussi accessible à des équipages n’ayant pas été triés sur le volet et formés durant des années, comme le sont les astronautes. »

Démocratisation, c’est vite dit ; le mot, en l’occurrence, est inapproprié. Le vol a coûté, toujours selon l’agence, « des dizaines et des dizaines de millions de dollars à SpaceX (le prix exact n’a pas été révélé). » La somme est vertigineuse et fera rêver plus d’un Smicard qui, lui, ne part pas en vacances et ne rêve même pas de voyage dans l’espace quand il a recours aux associations caritatives pour donner à manger à ses enfants !

L’AFP se croit obligée de reprendre à son compte les termes des communiqués d’Elon Musk, le milliardaire patron de Tesla et SpaceX ; elle prétend que les quatre touristes ont récolté des données (rythme cardiaque, sommeil, saturation en oxygène dans le sang, capacités cognitives, etc.). Autant de justifications ridicules quand les astronautes, les vrais, ont réalisé de telles études depuis le début de l’aventure spatiale. Thomas Pesquet doit en rire quand, avec ceux qui l’accompagnent en ce moment dans la station internationale, il réalise des expériences autrement plus scientifiques aux retombées certaines.

Enfin, il faut noter que l’AFP n’a pas un mot pour dénoncer l’aberration écologique de ce vol, ni pour condamner la privatisation de l’espace par quelques milliardaires véreux.