Peugeot-Citroën (PSA), Pimkie, Les Inrockset Le Figaro n’ont pas attendu longtemps pour mettre les ordonnances du tandem Pénicaud-Macron en pratique. D’autres groupes sont dans les starting-blocks.

La direction du groupe automobile a publié un communiqué à l’issue d’une réunion avec les syndicats qui présente son nouvel accord de rupture conventionnelle collective comme une simple continuité des précédents plans de suppressions d’emplois :

« L’accord DAEC(pour Dispositif d’Adéquation des Emplois et des Compétences, en fait un plan de licenciements)2018 s’inscrira dans la continuité des dispositions prévues dans le cadre de l’accord de performance du Nouvel Elan pour la Croissance (NEC) qui couvre la période 2017 à 2019 ». A remarquer que la direction du groupe adore les sigles ! Elle communique par sigle ; ça peut permettre à certains syndicats de signer sans perdre la face auprès de ceux qui seront jetés au chômage.

L’accord NEC avait été signé le 8 juillet 2016 par cinq syndicats (FO, CFDT, CGC, CFTC et GSEA) et seule la CGT l’avait refusé. Un an plus tard, le 12 juillet 2017, Les Echos, le quotidien économique de Bernard Arnault, constatait :« Si le groupe a atteint son objectif en matière de reconversions internes avec 1.000 parcours accompagnés, le compteur des embauches accuse du retard. Au premier semestre, le constructeur qui s’était engagé à intégrer 1.000 salariés en trois ans, n’a signé que 170 CDI, ce qui est léger en regard du nombre de départs – plus de 1.200 congés seniors programmés pour 2017. « Cette année nous devrions finaliser entre 350 et 500 embauches afin de respecter un nouveau temps de recrutement. L’embauche à tours de bras et par intuition – qui a donné lieu par le passé à des erreurs manifestes avec un niveau de structure disproportionné et un ratio de masse salariale aberrant – cède la place à une analyse fine du besoin et du métier  »,a expliqué Xavier Chéreau, DRH de PSA. »

Ah ! Ces embauches par intuition et ces salaires aberrants… L’enfumage continue.

Le dispositif présenté aujourd’hui contient le même marché de dupes : s’il prévoit 1300 recrutements en CDI et des mouvements internes, il prévoit le départ de 1300 salariés. En revanche, le communiqué oublie de mentionner les 900 congés seniors, en fait le non remplacement de départs à la retraite, qui sont autant de suppressions de postes.

Au total, en effet, s’il y aura bien 2200 départs, il n’y aura au mieux que 1300 embauches ; l’expérience de NEC aidant, il faudra faire les comptes à la fin du plan si la direction veut toujours bannir les fameuses embauches par intuition… Les 1300 embauches sont loin d’être assurées.

La conclusion du communiqué de la direction est d’ailleurs très éloquent : « En conclusion de cette réunion, Xavier Chéreau, Directeur de Ressources Humaines du Groupe PSA, déclare ‘’La co-construction (sic)est ancrée au cœur de notre politique ressources humaines. C’est avec nos partenaires sociaux que nous construisons ce dispositif dynamique qui est essentiel pour la transformation de notre Groupe, sa performance et donc sa pérennité. Notre dispositif d’Adéquation des Emplois et des Compétences a fait ses preuves tant en termes de contribution à la performance pour l’entreprise qu’en termes de respect des femmes et des hommes. Chaque année, il permet aux salariés éligibles et qui le souhaitent de vivre une nouvelle aventure professionnelle, tant à l’intérieur du Groupe qu’à l’extérieur, tout en sécurisant son parcours.’’ »

Ne sont-ils pas formidables et généreux les dirigeants de PSA ? Et les salariés qui font confiance aux organisations syndicales signataires de tels accords ne sont-ils pas généreux, eux aussi qui contribuent « à la performance de l’entreprise », autrement dit à la création de valeur pour l’actionnaire, c’est-à-dire à la distribution de dividendes toujours plus élevés.