J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, de reprendre Jacques Prévert et sa célèbre apostrophe : « Quelle connerie la guerre ». Et de fustiger Poutine et ceux qui se livrent à une course aux armements, partout dans le monde.

Il se trouve que je viens de lire une excellente critique du dernier livre de Nils Andersson, Le capitalisme, c’est la guerre (Terrasses Editions, 148 pages), par Marine Miquel, maîtresse de conférence, dans la dernière livraison de la très belle revue Cause commune.

Ecrit avant l’invasion de l’Ukraine par Poutine, ce petit essai d’un pacifiste invétéré, est prémonitoire. Pour l’auteur, une seule cause à cette guerre, le capitalisme.

Marine Miquel relève : « Alors que ce dernier se prétend porteur d’un monde de paix, qui serait rendu possible par l’avènement d’une économie de marché mondialisée, le constat est sans appel : non seulement la guerre n’a jamais cessé – depuis 1990, on décompte entre trente-cinq et cinquante conflits armés actifs chaque année – mais en plus le risque d’un retour aux guerres de haute intensité, menées avec des moyens de destruction et de tuerie démultipliés par les progrès technologiques tels que la robotisation, les réseaux de l’intelligence artificielle, s’étendant à des champs de bataille autrefois préservés, le cyber espace et le domaine exo-atmosphérique, ou encore le corps humain (avec les ‘’soldats augmentés’’, à l’aide technologies) ».

Un chiffre est effarant : en 2018, les dépenses militaires se sont élevées à 1774 milliards de dollars. Et, avec la guerre en Ukraine, on assiste à une recrudescence de la course aux armements, comme en Allemagne. La France, l’un des plus gros ‘’fournisseurs’’ d’armes, participe largement à cette militarisation du monde. Où s’arrêteront-ils si nous ne les arrêtons pas ?

Marine Miquel note les causes de cette folie listées par Nils Andersson : nécessaire contrôle de l’accès aux ressources naturelles, préservation des zones d’influence et la prévention de l’émergence d’un éventuel futur concurrent, par exemple par le biais de la reproduction de l’ancien ordre colonialiste, avec l’établissement de protectorats, etc.

Le capitalisme porte en lui tous ferments de la guerre, malgré les discours de paix proférés par les dirigeants, y compris Emmanuel Macron, qui, note Marine Miquel, « annonce vouloir créer une Europe militaire » et la présente comme une nécessité.

Si le constat est terrible, Nils Andersson note (et cela n’a pas échappé à Marine Miquel) la vivacité et l’obstination d’une utopie, « en finir avec la guerre, son coût humain mais aussi écologique ». Rets à passer de la nécessaire utopie à l’action !