Le quotidien économique La Tribune publie une information ahurissante : la société publique Novarhena, qui aurait dû aménager une vaste zone d’activités à proximité de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim, a annoncé sa dissolution prévue ce vendredi. « La coopération franco-allemande pour la revitalisation économique de ce territoire a été un flop. », ajoute le journal.

Les élus, la plupart de droite, sont dépités ; l’un avoue qu’il « y a eu une erreur d’interprétation de la part des collectivités, qui ont créé un véhicule pour rien », un autre que « la SEM n’a servi à rien, sauf à cramer un demi-million d’euros de capital pour payer des frais et des salaires. Il était temps d’arrêter ces dépenses ».

Le quotidien fait état du désarroi de la région : « La SEM avait vocation à soutenir le redéploiement économique de ce territoire du sud de l’Alsace, affecté par la perte de 2.000 emplois. Mise en service en 1977, la centrale a été déconnectée du réseau le 30 juin 2020. Elle était devenue le moteur de l’économie de la commune de Fessenheim (2.300 habitants) et de son bassin d’emploi. La promesse par EDF de créer un « technocentre » (150 emplois) pour recycler à Fessenheim ses déchets nucléaires n’a pas été confirmée. Le dossier de démantèlement déposé à l’ASN n’aboutira pas avant 2025 à un décret autorisant le début des travaux. En attendant, tout le territoire s’interroge. Les outils imaginés pour la relance économique n’ont pas fait la preuve de leur pertinence. Les rêves d’un développement économique conjoint franco-allemand, dans l’esprit du traité d’Aix-la-Chapelle, se sont envolés. »

Les acteurs du projet cherchent des coupables et chacun rejette la faute sur l’autre ; risible si l’avenir de la population de Fessenheim n’était pas en jeu. La Tribune évoque « des promesses non tenues et des fausses pistes (qui) ont brouillé les cartes de l’après-Fessenheim. ‘’Cette fermeture n’entraînera aucune perte d’emploi. Il y aura un accompagnement particulier pour les sous-traitants, les commerçants, tous ceux qui vivaient avec la centrale’’, avait pourtant promis Elisabeth Borne, alors ministre de la transition écologique, en amont de la mise à l’arrêt du premier réacteur en 2020. »

Curieusement, la première ministre, très au fait du dossier, reste muette !

Toujours selon le quotidien, « Le solde des comptes de la SEM Novarhena laisse apparaître un excédent de 520.000 euros, qui sera remboursé au prorata à ses actionnaires. En dix-sept mois, le véhicule pour rien n’aura consommé que 480.000 euros. » La somme paraît dérisoire dans le contexte, mais le dossier illustre parfaitement le fisco de la réindustrialisation du pays et de la relocalisation des industries parties hier sous des cieux permettant de distribuer des dividendes à deux chiffres. La politique industrielle d’Emmanuel Macron dans toute sa plendeur : délire, mensonge et fiasco.