Missak Manouchian au Panthéon ? Enfin !
Il aura fallu attendre 80 ans pour qu’un hommage soit rendu à ce symbole de La Résistance des immigrés, c’est-à-dire sans frontières, contre la barbarie nazie, qui écrivait à quelques heures de son exécution : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. »
Que ce soit Emmanuel Macron qui en ait décidé ainsi (alors que François Hollande avait refusé) est surprenant, trop pour ne pas cacher de sombres arrière-pensées de la part du président de la République. Il va rendre un hommage mérité, ô combien, à un immigré (qui avait échappé au génocide des Arméniens par les Turcs), un communiste, un antinazi, un ouvrier (mais de grande culture, poète aussi), quand toute sa politique est contraire aux idéaux de ce combattant de la liberté et du progrès social, de l’universalisme (contre le patriotisme étroit et franchouillard).
Missak Manouchian sera accompagné de son épouse, elle aussi combattante de la liberté, Résistante, femme engagée dans les luttes pour l’émancipation des femmes et dans l’internationalisme. Ils seront, Missak et Mélinée, pour l’éternité, les incarnations de ceux auxquels Aragon rendit hommage en 1955 :
« Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant. »
Mais aussi des milliers d’autres, morts pour la France, pour les Lumières, pour la liberté, contre l’obscurantisme, contre les peurs qui refleurissent aujourd’hui, mais avec l’espoir d’un monde meilleur. Missak a laissé des lettres admirables à son épouse et des vers qu’il ne faut pas oublier, parce que porteurs de l’optimisme des vrais combattants pour le progrès :
« Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant »
Puisse le temps de l’hommage réveiller les consciences endormies ou empêchées pour que le message de Missak Manouchian revive dans une France des Lumières retrouvées. Dignement