Le titre de champion de France de rugby était promis à La Rochelle. Son jeu, tout en puissance, est peu spectaculaire, mais il est efficace. Juste assez pour remporter la Coupe d’Europe deux ans de suite. Les Rochelais ont imposé leur rugby et dominé une équipe du Stade toulousain qui a subi sa ‘’guerre d’usure’’ jusqu’à trois minutes de la fin de la rencontre. Jusqu’à un coup de génie du demi d’ouverture Romain Ntamack. L’essai de Romain Ntamack m’a reconcilié avec la vraie philosophie du jeu de rugby, à savoir l’évitement.

En difficulté pendant 75 minutes et malheureux sur deux gestes qui semblaient sceller la défaite de son équipe, il a illuminé la rencontre au terme d’une course qu’on ne voit plus guère dans le rugby aujourd’hui. C’est le signe des grands joueurs qui ‘’sauvent’’ leur match et leur équipe sur un seul geste, un seul exploit personnel. Au football, Michel Platini ou Zinédine Zidane étaient coutumiers de cet éclair de génie malgré une prestation en demi-teinte.

Romain Ntamack a donc eu un geste de très haut niveau, jouant le décalage et, ballon sous le bras, médusant quatre ou cinq adversaires pour terminer une course de plus de 60 mètres par un essai qui restera dans les mémoires. Modeste néanmoins, il a su rendre hommage à ses coéquipiers qui l’ont soutenu après ses ratés (« J’ai la chance de marquer ce dernier essai mais si je n’avais pas le collectif que j’ai à côté de moi, les mecs qui me font relever la tête après ma petite connerie (…) je pense que je n’aurais pas pu aller entre les poteaux (…) C’est grâce à eux qu’on arrive à marquer le dernier essai. »). C’est ce qui fait la grandeur du sport et notamment du rugby, sport éminemment collectif.

Romain Ntamack a su se surpasser et oser un geste de génie, porté par une volonté farouche (« J’ai essayé d’accélérer malgré les crampes, malgré les coups pris (…) Je suis très content qu’il n’y ait pas eu 5 mètres de plus, sinon je ne sais pas si je serais là avec vous », déclara-t-il aux journalistes après la victoire de son équipe.).

On connaissait les qualités du joueur ; la finale de 2023 l’a encore aidé à grandir. Et à étoffer un palmarès déjà bien rempli : 3 titres de champion de France, 1 Coupe d’Europe, 36 sélections en équipe de France et 1 Grand Chelem.

Romain est bien parti pour faire mieux que son père, Emile, 6 fois champion de France, 3 fois vainqueur de la Coupe d’Europe, 49 sélections en équipe de France.

Quelle famille et quelle chance pour le rugby !