Bruno Le Maire s’est érigé en gardien du temple ultra-libéral et je me demande encore pourquoi Emmanuel Macron, ni de droite, ni de gauche, peut conserver un aussi petit ministre de l’économie, incapable de réduire la dette publique.
Bruno Le Maire se déclare volontiers gardien orthodoxe, mais il est d’une intelligence médiocre, grotesque parfois ; il se dit habité d’une mission et se comporte en permanence comme un robot programmé par les dogmes les plus réactionnaires.
Il est effronté et se permet de convoquer le président de la SNCF pour le tancer et lui dire tout le mal qu’il pense, lui, le coryphée de l’orthodoxie capitaliste, d’un accord que M. Farandou a signé avec les syndicats sur l’âge de départ de la retraite.
Rien n’a filtré de l’entretien, mais je suppose que notre ministre a rappelé au président de la société nationale que c’est le gouvernement qui l’a fait roi. Il a feint de découvrir le fameux accord qui taille en pièce la réforme des retraites, alors que tous les services du gouvernement étaient avertis du contenu des négociations.
Que Bruno Le Maire mente, est-ce une surprise ; dans les sphères de pouvoir, la culture du mensonge contamine l’art de gouverner.
Bruno Le Maire a fort à faire pour tenter de faire croire qu’il est ministre de l’économie. Le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné vient en effet d’annoncer que son groupe pourrait quitter la bourse de Paris pour celle de New York.
Bruno Le Maire a déclaré haut et fort qu’il se battrait pour que cela ne se fasse pas, que nous avons besoin de Total, etc., avec des trémolos dans la voix.
Pouyanné lui a fait un pied de nez en lui rétorquant que l’actionnariat américain du groupe pétrolier était passé de 33 % à 48 % en dix ans, entraînant mécaniquement le recul de l’actionnariat européen de 45 % à 34 % et que l’actionnaire seul décide ; pas le ministre. Pour se faire bien comprendre, il a même ajouté qu’il ne s’agissait pas d’une question d’émotion, mais d’une question d’affaires.
Voilà de quoi clouer le bec à un ministre-grenouille qui voulait se faire aussi gros que le bœuf. En vain ; l’économie n’est pas une fable de Jean de La Fontaine.
Jean-Pierre Farandou rit sous cape et renvoie Le Maire à la morale du fabuliste :
« Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages. Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. »