Les médias, écrits, audiovisuels ou qu’on les appelle réseaux sociaux, devraient constituer le plus formidable instrument d’éducation. Hélas, aujourd’hui, ils sont le plus formidable instrument de manipulation des masses. 

Les journalistes se morfondent de voir comment la façon dont ils conçoivent leur profession est piétinée par ceux qui ont fait main basse sur les médias ; les pressions sur les moyens d’informations sont de plus en plus impressionnantes : gouvernements, lobbys, publicité, entre autres. La puissance de l’argent est un étouffoir de la vérité.

La mission sociale du journaliste est moins importante que la volonté des riches, ultra-riches ou autres premiers de cordée d’écraser les pauvres. Et de les divertir (au nom de la sacro-sainte ‘’infotainment’’, cette information qu’on traite avec les procédés du divertissement). Les problèmes sociaux et moraux posés par l’accaparement des médias ne sont plus seulement les problèmes des seuls journalistes, mais un problème de démocratie, de respect du droit à l’information. L’information et l’éducation du public s’accommodent mal du contrôle des propriétaires, des gouvernements ou des lobbys. Par respect pour les citoyens.

Ce qui se passe dans les médias du service public en France est inquiétant, où la ministre de la culture (mais de quelle culture ?) ressort le projet de holding pour mieux contrôler France Télévisions et Radio France (au bénéfice des chaînes privées), où la direction de France Télévisions réorganise la grille en éliminant quelques émissions parmi les plus informatives, où la direction de radio France sanctionne l’émission de Charline Vanhoenecker et menace Guillaume Meurice de licenciement.

Le domaine de l’information et son corollaire la diffusion des idées ne bénéficient pas des progrès des technologies quand celles-ci sont mises au service des seuls puissants, sous l’influence de la politique ultralibérale et de son ingérence directe sur les contenus de tous les médias, favorisant ainsi l’autocensure, ce mal qui ronge les rédactions.

Voici venu le temps pour les journalistes de reconquérir les fondamentaux de leur profession, qui n’est pas seulement un moyen de gagner sa vie, mais une fonction sociale hautement responsable. L’essentiel pour les journalistes, ce n’est pas le commerce d’une information frelatée pour le seul bénéfice des ultra-riches et de leurs valets, mais d’écrire, de montrer, de photographier en recherchant la vérité et de dire cette vérité aux citoyens. Cela signifie d’écrire, de montrer et de photographier en pleine conscience de sa responsabilité sociale. Le journaliste n’est pas un mercenaire ; en toute circonstance, il devrait travailler en sauvegardant la liberté de la pensée.

C’est bien pourquoi, ce qui se passe à France Télévisions et à Radio France avec Charline Vanhoenecker et Guillaume Meurice, à La Provence, chez Vincent Bolloré, chez Bouygues, chez Altice, ne peut pas rester sans réactions des syndicats de journalistes et des mouvements sociaux. La solidarité doit s’exprimer pleinement.