Emmanuel Macron est déjà en campagne pour la présidentielle de 2022 ; elle s’annonce rude cette campagne tant les Français sont excédés par l’homme qui sait tout et décide de tout. Tout seul.

Il a délaissé l’intervention télévisée pour la presse écrite, d’abord le quotidien du libéralisme sans entrave, L’Opinion, puis les quotidiens régionaux, convoqués à l’Elysée pour rapporter la pensée complexe à propos du déconfinement.

Dans L’Opinion financée entre autres par Bernard Arnault, il a osé une sentence qui se veut définitive : « Notre Nation peut prendre toute sa part à l’invention du monde qui vient. » Un peu irréaliste et présomptueux quand même.

Il s’est déclaré « optimiste de la volonté », espérant que d’ici à 2025, les jeunes auront trouvé du travail et toute leur place dans la société, dans « un nouveau modèle productif plus écologique et numérique » et un « nouveau modèle de protection sociale ».

Imaginant que les jeunes auront du mal à suivre un tel discours, il a nuancé en déclarant que ses objectifs« peuvent sembler lointains alors que nous venons tout juste d’acter un calendrier très progressif de réouverture du pays », mais il les estime à portée de main, évidemment grâce aux « réformes engagées depuis quatre ans ».

Dans son interview à la presse régionale, il est resté plus technique pour annoncer les mesures qu’il avait prises.

Tous les patrons des quotidiens régionaux ont dépêché leurs journalistes de confiance pour recueillir la parole divine de Zeus. Celui-ci les a d’ailleurs choyé en leur accordant un supplément sous forme d’une courte vidéo à mettre sur leur site, présentée par les moins regardants comme une exclusivité.

Il y a deux ans, Le Télégramme et la Voix du Nord avaient refusé une opération identique de Macron. Aujourd’hui, il n’en manquait pas un. La pratique est inconnue dans des pays comme l’Allemagne et Angela Merkel se garderait aussi bien de convoquer les journalistes que de contrôler le contenu de ce qui a été retenu par les collègues d’outre-Rhin.

Mais en France, où la presse est hyper-concentrée, les journalistes sont tenus en laisse. C’est ce phénomène que je décrypte dans mon dernier livre (qui vient de sortir aux Editions Maïa), « Journalistes, brisez vos menottes de l’esprit ».

Je renvoie mes lecteurs au chapitre : Un journaliste est-il libre dans la France de Macron ?