Après son martial et tonitruant « Nous sommes en guerre », Emmanuel Macron vient de décréter le couvre-feu. On lui reconnaîtra une certaine constance dans la posture guerrière.

A défaut d’opposer au coronavirus une stratégie intelligente et efficace, le président de la République du nouveau monde fait de la communication pour tenter d’apparaître comme le père de la nation, le Clémenceau du XXIe siècle. Dérisoire.

Si la situation n’était pas grave, on pourrait sourire ; mais la situation est si grave qu’il faut désormais unir toutes les bonnes volontés pour s’opposer à un régime déliquescent. Au diable la communication, disent les citoyens qui ne sont pas encore anesthésiés par les discours présidentiels appelant à l’union. Si nous devons être en guerre c’est contre un régime qui a mis le pays des droits de l’homme en situation d’état d’urgence depuis cinq ans, avec des reculs insupportables des libertés publiques et individuelles.

Aujourd’hui, et depuis cinq ans donc, gouvernement et préfets sont en mesure de restreindre toutes nos libertés, de circulation, de manifestation, d’association, d’information, etc. Jusqu’à nous interdire d’aller au théâtre, au cinéma en soirée, mais surtout pas d’aller travailler en s’entassant dans des transports en commun. Et Macron n’est pas prêt à siffler la fin de ce régime liberticide.

Les mesures du président et de son gouvernement plongent chaque jour les pauvres un peu plus dans la pauvreté extrême, éloignent les chômeurs du travail. Mais il prend garde, lui et ses ministres comme Castex, Le Maire ou Darmanin, de bien traiter les patrons des grandes entreprises.

Le président de la République n’a pas eu un mot pour les soignants contraints à se mettre en grève au lendemain de son allocution télévisée pour protester contre le manque de moyens humains et matériels dans l’hôpital public. Il n’a plus d’égards pour les petits patrons au bord de l’asphyxie, pour le monde du spectacle et de la culture, etc.

Pour prêcher la bonne parole, il a convoqué une chaîne privée, TF1, et une chaîne publique, France 2, à l’Elysée et choisi ses interlocuteurs qui, comme d’habitude, n’ont pas été pugnaces et se sont contentés d’être les spectateurs d’un président ne leur laissant aucune place pour des questions. Le monologue était ahurissant.

Le service public de l’information est au centre de ses préoccupations, car il est le seul à conserver quelques paroles libres. Mais Macron a encore le temps, entre deux discours, de s’en occuper en amputant son budget, en faisant donner le prétendu comité d’éthique de France Télévisions, pour tancer l’émission Cash investigation qui déplait tant à ses amis du CAC 40, etc.

Bref, les libertés sont menacées en France, gravement. Le peuple souffre. Du coronavirus. De la précarité. Du chômage. De la pauvreté. De sa culture mise en hibernation. De son hôpital harassé. De son école démantelée. De sa recherche asséchée.

Comme l’écrivit Rudyard Kipling : « La première victime de la guerre, c’est la vérité. »