Le funeste virus baptisé Covid19 a précipité l’économie mondiale dans un chaos profond. La crise financière avait déjà provoqué des dégâts considérables, non imputables à la sale maladie infectieuse ; le printemps s’annonce donc encore plus catastrophique pour des millions de salariés. La contraction de l’activité industrielle est mise à profit par quelques grands groupes (et d’autres plus modestes) pour supprimer des milliers emplois, augmentant la cohorte des chômeurs et généralisant les inégalités.

Les prétendues lois du marché ne sont pas remise en cause, bien au contraire, par les prédateurs ; la situation est chaotique et ils font appel aux Etats pour alimenter plan de sauvetage ici, plan de relance là. A coup de centaines de milliards. Curieuse loi du marché qui privatise les bénéfices mais nationalise les pertes. Curieuse politique qui invoque la crise pour refuser des crédits aux hôpitaux, à la recherche, aux universités, à l’école, aux transports publics, etc., et qui, subitement, trouve des centaines de milliards pour ‘’aider’’ les entreprises (pas les salariés).

Les vies de millions de personnes sont malmenées et exigent des mesures d’urgence pour que les jours d’après soient non pas heureux, mais moins dramatiques. Les contribuables, au bout du compte, seront mis à contribution, mais pas les vrais bénéficiaires du système, au nom de la préservation de la liberté du marché et de la concurrence libre et non faussée.

Pourtant, oui pourtant, l’argent coule à flot dans certains milieux. L’industrie de guerre ne connait pas de ralentissement, quand des milliards sont investis chaque jour dans la course aux armements ; le football de haut niveau croule sous les pétrodollars.

Le PSG, racheté par Qatar Sport Investment (QSI), filiale du fonds souverain de l‘émirat, Qatar Investment Authority (QIA), en est sans doute le cas le plus scandaleux. Il vient de licencier son entraîneur, l’Allemand Thomas Tuchel, et de lui payer son salaire jusqu’au terme de son contrat, pour le remplacer par l’Argentin Mauricio Pochettino au salaire encore plus somptueux, très certainement. Avec l’espoir de favoriser l’achat du prodige argentin Lionel Messi.

Les dirigeants qataris sont prodigues, le manager, le Brésilien Leonardo Nascimento de Araujo, est versatile. Ils dépensent sans compter des sommes folles pour assouvir leur caprice, gagner la Coupe d’Europe.

Depuis leur prise de contrôle en 2011, les dirigeants qataris ont investi près de deux milliards d’euros pour acheter les meilleurs joueurs du monde. Mais ils ont été incapables de comprendre que le football n’est qu’un jeu et ne répond pas aux seules lois du marché et de l’industrie. L’argent ne rend pas plus intelligent. Ils en font la démonstration chaque jour.

Mais, comme tout nouveau riche, les dirigeants de QSI (son président, Nasser al-Khalaïfi, est ministre sans portefeuille au sein du gouvernement de Doha) ont fait du football un instrument de reconnaissance diplomatique. L’instrument n’a pas encore apporté la preuve de sa fiabilité.

Le pognon de dingue dépensé dans le fonctionnement du PSG aurait été mieux utilisé s’il avait servi à rémunérer honnêtement une main d’œuvre étrangère exploitée dans des conditions de misère absolue dans l’émirat. Le Qatar, malgré le PSG (ou à cause de lui) n’a rien gagné au niveau de sa reconnaissance diplomatique et n’a toujours pas gagné ‘’sa’’ coupe d’Europe.

Les victimes économiques du coronavirus et de l’effet d’aubaine des patrons sauront-ils faire le rapprochement entre tous les événements qui secouent nos pays pour demander des comptes à ceux qui font preuve d’une complicité active dans la perpétuation d’un système qui entraînent le plus grand nombre de citoyens dans la misère ?

Que le PSG gagne ou non la Coupe d’Europe ne changera pas la situation des chômeurs ; en revanche, l’argent dépensé par les qataris pourrait améliorer la vie quotidienne de millions de pauvres.

Qu’attend-on pour le confisquer et le répartir équitablement ?