Emmanuel Macron les insulte (ils sont fainéants et ne traversent même pas la rue pour trouver le travail qui leur tend les bras !), les calomnie (ils sont analphabètes !) ; ils sont l’objet de tout son indécrottable mépris.
Quand les réactions sont trop vives, il tente de se montrer bienveillant en prétendant qu’on ne l’a pas compris ; il a appris la contrition dans les écoles catholiques de son enfance. Mais il n’esquisse aucun pardon pour ses paroles malheureuses, aucun repentir pour réparer l’offense ; sa vraie nature le lui interdit. Les lecteurs de ces pages infinies de l’Internet auront reconnu ceux qui sont l’objet de tant de dédain du président d’une République exaltant au fronton de ses bâtiments publics la fraternité et l’égalité.
Quand le président se gausse de l’attractivité de la France en matière d’investissements étrangers, il oublie de dire que les milliards d’aides extrêmement généreuses (crédit d’impôt compétitivité emploi, baisse de l’impôt sur les sociétés, aides à l’embauche d’apprentis et de chômeurs, etc.) sont autant de milliards dont son privés les services publics. Pour un maigre résultat, quelques emplois créés et pour des petits boulots sous-payés, qui pèsent sur le niveau général des salaires.
Quand le président vante les bienfaits de la concurrence, il continue d’insulter les pauvres. Prenons un seul exemple, même si les salariés de la RATP ne sont pas parmi les plus pauvres. Ils ne sont pas analphabètes, non plus ; quand on leur a parlé d’ouverture à la concurrence dans les transports franciliens, ils ont vite compris : leur direction les a invités à accepter de nouvelles règles sociales pour anticiper l’ouverture à la concurrence en réduisant les coûts d’exploitation de 1 % par an et en dégradant conditions de travail et salaires.
Mais, chut, pas de gros mots dans les JT. On déplore les atteintes au service public et l’entrave aux déplacements par la faute des méchants de la CGT.
Qu’ils se taisent, les pauvres !
Ils sont livrés quotidiennement à ceux qui, impunément, se livrent au business de la misère : les marchands de sommeil, les marchands de viandes pourries, les fabricants de friandises contaminées, les soins dentaires à bas coût qui estropient.
Les JT condamnent ces agissements, mais on passe rapidement ; on laisse les sujets aux magazines dont l’audience est modeste comparée à celle des séries où on tue à tour de bras, à celle de Koh-Lanta où est prié de rêver, à celle des émissions mièvres qui plongent les pauvres dans un monde de médiocrité abyssale. Parfois on daigne les montrer, les pauvres, comme des bêtes curieuses, en allant planter les caméras au pied de leurs immeubles qui sont autant de passoires thermiques ; on est invité à s’émouvoir et, aussitôt, on passe à autre chose. Il n’est pas question de remettre en cause le système.
Quand le président méprise les pauvres, ceux qui se livrent à leur exploitation ont de beaux jours devant eux. S’ils sont pauvres, c’est qu’ils n’ont pas réussi et c’est dans l’ordre des choses, en République libérale. Ils sont nombreux ? Peu importe, ils ne votent pas !