William Bourdon est un brillant avocat qui a dédié sa vie à la défense des libertés ; cela lui a valu d’être vice-président de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), avant de fonder l’association Sherpa qui s’est donné pour mission de défendre les victimes de crimes commis par des opérateurs économiques. Avec l’un de ses associés, Vincent Brengarth, il vient de publier dans la collection Tracts de Gallimard un plaidoyer contre les violences policières en jetant les bases d’une réconciliation de la police et des citoyens (‘’Violences policières. Le devoir de réagir’’, Tracts, 45 pages, 3,90 €).

L’acte d’accusation est sans concession ; les remèdes proposés sont à mettre en débat. Si les deux avocats font le procès des violences physiques qui ont scandé le premier quinquennat d’Emmanuel Macron (gilets jaunes, manifestations syndicales, …), on doit déplorer des violences qui n’éborgnent pas, n’amputent pas une main ou une jambe, ne tuent pas, mais qui, plus insidieuses et psychologiques, sont intolérables, comme celle dont a été victime une jeune lycéenne de Gaillac.

A l’occasion d’un déplacement du président de la République (en campagne électorale pour dire tout le mal qu’il pensait du programme de la gauche unie, la NUPES), Laura, 18 ans, a osé l’interpeller, très poliment et sans agression verbale : « Vous mettez à la tête de l’État des hommes qui sont accusés de viol et de violences par les femmes, pourquoi ? » Macron a bredouillé quelques phrases, ce qui a amené la lycéenne à insister : « S’il vous plaît, monsieur, répondez-moi ».

La scène a été filmée et aussitôt mise sur les réseaux sociaux. Insupportable pour Macron. Qui a dû le faire savoir.

Le lendemain, quelques gendarmes, sans doute penauds d’avoir à agir de la sorte, sont allés sortir l’arrogante en plein cours pour la prier de les suivre. Comme une délinquante, passible des tribunaux et des geôles (qui n’ont plus rien de républicaines).

Imagine-t-on la stupeur de Laura, mais aussi des autres élèves, des professeurs, puis des parents d’élèves, puis de son entourage !

Laura, choquée, a confié « Ce n’est pas anodin d’être sortie de son cours pour être interrogée par la gendarmerie ».

La gendarmerie du Tarn a tenté de trouver une excuse : « Notre action visait simplement à prendre en compte cette personne, qui s’était présentée comme victime, pour lui proposer de recueillir une éventuelle plainte », prétextant que Laura avait confié avoir été victime d’une agression sexuelle il y a quatre ans.

Cependant la suite de ‘’l’entretien’’ ne laisse guère planer de doutes sur sa vraie nature : « Ils m’ont dit : « Vous n’auriez pas dû faire ça, il y avait d’autres façons d’interpeller le président, en lui écrivant, par exemple ».

Le ‘’Tract’’ de William Bourdon et Vincent Brengarth n’évoque pas ce cas, les faits s’étant déroulés après sa sortie ; mais l’interpellation de Laura, sortie de sa classe et encadrée comme une délinquante, est révélatrice de l’ensemble des maux que les violences policières révèlent et qu’il est urgent de solutionner pour que la France reste une démocratie.