Ils s’appellent Romeo Castellucci et Raphaël Pichon. Le premier est metteur en scène (et plasticien), le second est chef d’orchestre (et patron de l’Ensemble Pygmalion). Ils ont enchanté le Festival d’Aix-en-Provence et la soirée d’Arte avec le Requiem de Mozart. Un exploit rare.
Les deux hommes ont fait œuvre de création avec une extraordinaire originalité. Ils ont fait du Requiem, autrement dit une messe des morts, un spectacle (avec des séquences dansées) et un hymne à la vie et au renouveau. Ils ont mis le spectateur en condition en faisant précéder la partition de Mozart d’un chant grégorien sublime interprété a capella par les seules choristes femmes puis un chant maçonnique interprété, lui, par les seuls hommes. Une entrée en matière déroutante mais sublime tant les deux chœurs étaient parfaits. Les choristes dansent aussi, dès le début de la partition de Mozart ; danses (sublimes) qui empruntent costumes et gestes au folklore.
Si la représentation débute par la mort d’une vieille dame, disparaissant dans un lit sans fond, le Requiem se termine par la présence d’un bébé, seul sur scène, qui pleure et joue. La vie continue, et, ainsi, s’explique que sur le fond de scène défile durant toute la représentation comme un inventaire toutes les fins que nous avons connues et que nous connaissons encore. Les fins, certes, mais aussi les renouveaux.
L’orchestre a su se hisser au niveau de ces chœurs, des solistes et d’un enfant, Chadi Lazreq de la maîtrise des Hauts-de-Seine, époustouflant de justesse et d’émotion.
Evidemment, tous les intégristes catholiques éructent devant un spectacle comme celui-ci. Ils crient à la dénaturation du Requiem et au sacrilège.
C’est plutôt bon signe.
Et merci à Arte d’avoir osé programmer ce spectacle ; il n’y a que cette chaîne pour le faire.