La société capitaliste est malade ; malade de l’argent, de ceux qui en veulent toujours plus, c’est-à-dire des actionnaires avides de dividendes à deux chiffres.

Les salariés de Conforama, durement touchés hier et abattus aujourd’hui. Quand le directeur général pensait satisfaire ses actionnaires avec la fermeture de 32 magasins et la suppression de 1900 emplois, le conseil d’administration, lui, veut fermer 44 boutiques de plus et ne s’étend pas sur le nombre de salariés à envoyer pointer à Pôle emploi.

Tout est ‘’vérolé’’ par le fric dans notre société ! Même (et surtout) le sport, ou plutôt certains sports comme le football, colonisés par les grandes fortunes.

Arnaud Lagardère vient de faire savoir qu’il était en train d’évaluer les offres de rachat de sa branche Lagardère Sports & Management. Parmi les postulants, un groupe américain, Wasserman Media Group, fondé en 1998 et déjà l’un des acteurs les plus rentables du secteur.

La firme de Los Angeles est citée comme étant la division football la plus puissante du monde (Parmi ses ‘’clients’’, deux joueuses sacrées championnes du monde avec l’équipe des Etats-Unis la semaine dernière à Lyon, à savoir Megan Rapinoe et Alex Morgan, les deux opposantes virulentes à Trump).

Les chiffres actuels ne sont pas connus, mais il y a deux ans le groupe Wasserman avait transféré des joueurs pour un montant de 3,7 milliards et empoché des commissions à hauteur de 175 millions.

Wasserman a un intérêt tout particulier à transférer le plus grand nombre de joueurs chaque année pour grossir le montant de ses commissions et son chiffre d’affaires. Pas sûr que ce soit toujours dans l’intérêt à long terme des sportifs qui se muent en machines à cash et deviennent une marchandise comme les autres. A vendre aux plus offrants. Et, évidemment, Wasserman vise les meilleurs à transférer le plus souvent possible dans les clubs les plus riches. Les coéquipiers moins prestigieux (mais sans lesquels, les vedettes ne peuvent pas jouer) sont ignorés.

On ne s’étonnera donc pas de l’inflation du montant des transferts de sportifs.

Le sport, une industrie comme les autres ? Pour Wasserman, sûrement. Pour les sportifs, cela est moins évident. Pour la philosophie sportive, pas du tout.

Les équipes se transforment, elles aussi, en machines à fric, avec d’énormes disparités (qui se creusent davantage chaque année) entre clubs riches (propriété de grandes fortunes) et clubs pauvres.

La situation entraîne une rivalité malsaine entre joueurs vedettes et ‘’porteurs de ballon’’ chargés de mettre leurs coéquipiers en situation de briller. Le système engendre un individualisme, incompatible avec la pratique des sports collectifs, et rend de plus en plus délicat le travail de l’entraîneur.

Si l’argent ruisselle, le sport n’y gagne rien.

Dans cette société du fric-roi, seuls les actionnaires de Conforma et Wasserman y gagnent.