Jean-Paul Belmondo aurait-il apprécié tous les hommages qui lui sont rendus aujourd’hui, notamment sur toutes les chaînes de télévision ? Je ne répondrai pas à sa place. En revanche, je trouve que le flot de reportages qui lui ont été consacrés est symptomatique de la place donnée à la ‘’peopolisation’ de l’information et à la désinformation.
On a vanté à juste titre sa cordialité, sa simplicité et sa popularité. Mais on a oublié de dire que si Bébel a fait des films populaires (et jamais vulgaires), il a également tourné de très grands films avec de grands réalisateurs, Carné, Allégret, Peter Brook, Vittorio de Sica, Lattuada, Bolognini, Melville, Godard, Lubitsch, etc.
Bebel n’était pas que l’acrobate et le cascadeur des films d’action comme L’homme de Rio. Il a également exprimé tout son talent au théâtre, notamment dans les classiques.
Surtout, on a complètement occulté ses engagements fidèles, et notamment qu’il fut le président du Syndicat français des acteurs (SFA) affilié à la CGT de 1963 à 1966, comme si, aujourd’hui, cette appartenance était honteuse.
Bébel n’avait pas honte ; il osait même déclarer en septembre 1965 pour sa réélection à la tête du syndicat :
« Si nous faisons tous partie de la CGT, c’est parce que c’est le seul syndicat qui nous soutienne. »
Il n’avait pas oublié que le film Les copains du dimanche, œuvre de commande de la CGT, réalisé par Henri Aisner, lui avait servi de rampe de lancement. En 1964, dans la Vie ouvrière, Jean-Paul Belmondo avait expliqué les raisons de son engagement au SFA-CGT :
« C’est un syndicat comme les autres. Je sais que vous allez penser aux vedettes, aux gros cachets… Nous sommes quoi, une dizaine peut-être ? N’en parlons pas, car là il ne s’agit plus à proprement parler de notre métier d’acteur. Nous sommes traités à ce niveau non pas comme des comédiens, mais comme des marques de pâte dentifrice. Ce n’est pas ça le spectacle. Le spectacle, ce sont les quelque vingt mille comédiens, acteurs de cinéma, de théâtre, de télé, qui travaillent quand on veut bien leur en donner l’occasion et dont beaucoup ont bien du mal à vivre de leur métier, ce métier qu’ils ont choisi et qu’ils aiment. Et ceux-là, je vous assure, ils ont besoin d’être syndiqués et de se battre pour la vie. J’ai des tas d’amis qui travaillent trois mois par an et moins parfois. Mais il faut manger pendant douze mois. Les sources d’emploi, voilà le problème. »
Ces quelques lignes sont toujours, hélas, d’une brûlante actualité, surtout quand le gouvernement veut revenir sur le régime des intermittents.
Devenu une star adulée, Jean-Paul Belmondo n’avait renié ni ses engagements, ni sa solidarité envers sa profession. Chapeau !