Le tennis tend à devenir un sport de ‘’cogneurs’’, où la plus grande qualité est de voir la balle atteindre les 200 km/h (et plus) sur le service, où ce qu’on appelle les ‘’montées au filet’’ sont de plus en plus rares (on parle d’attaquants de fonds de court). On observe les mêmes tendances de la recherche de puissance dans d’autres sports comme le rugby. Hélas.
Et sur le court Philippe Chatrier du stade Roland-Garros, un jeune joueur d’à peine 20 ans (depuis quelques jours seulement) a donné à voir un autre tennis, intelligent, créatif, ponctué d’une cinquantaine d’amortis qui ont fait douter l’Autrichien Dominic Thiem, classé numéro 3 mondial.
Hugo Gaston n’est pas grand (1m73) et il ne peut pas lutter avec les ‘’cogneurs’’. Alors il leur oppose son intelligence, son toucher de balle et une extraordinaire explosivité. Il a le regard clair et franc ; il est modeste et connaît toutes les limites de son jeu, signe d’un esprit vif et clairvoyant.
Il a montré que le tennis n’était pas (encore) réservé aux seuls géants, puissants et destructeurs plutôt que créatifs. Avec lui, le tennis devient un spectacle qui soulève l’enthousiasme par ses coups de raquette surprenants, ses contre-pieds, ses lobs, ses amortis où s’exprime toute l’intelligence humaine à la vitesse de l’éclair.
C’est joyeux, gai et on se prend à applaudir la beauté des gestes.
Hugo Gaston a déjà un brillant palmarès dans les catégories de jeunes. Il a les qualités mentales et techniques pour réussir chez les professionnels s’il conserve tout ce qui fait de lui un joueur du tennis qu’on aime.