Les Echos, le quotidien économique de Bernard Arnault, vient de faire une découverte stupéfiante ; dans un article de l’édition du jour, un journaliste titre un article : « Comment l’eau est devenue un actif financier » et écrit : «  Le Nasdaq et le Chicago Mercantile Exchange viennent de lancer des contrats à terme sur l’eau, faisant d’elle une matière première comme une autre. »

Les Echos découvre la lune et sert à ses lecteurs une information qui n’est pas de la première fraîcheur. En effet, le Céréopa (Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales), un bureau d’études à but non lucratif ‘’au service de la compétitivité durable des agro-activités’’, créé en 1969 au sein d’AgroParisTech, écrivait dès le 18 décembre dernier sous le titre « L’eau, une commodité comme une autre ? » : « Le 7 décembre 2020, l’eau est devenue un actif financier, au même titre que le maïs, le charbon, le cuivre ou le pétrole. Pour la première fois, ce bien commun peut être négocié sur le marché à terme du Chicago Mercantile Exchange.NQH2O, c’est sous ce nom de code que le tout premier contrat réglementé et négocié de l’eau a vu le jour. Officiellement, il doit aider les agriculteurs, les municipalités et autres utilisateurs d’eau en Californie, à se protéger contre les fluctuations de prix de la ressource la plus précieuse du monde. Il pourrait également servir d’outil de gestion du risque pour les investisseurs face à la sécheresse et au changement climatique, à moins qu’il ne devienne un pur outil de spéculation ! »

Les Echos n’ont jamais que deux mois de retard sur l’information !

Patricia Le Cadre, directrice du pôle alimentation et productions animales du Céréopa, écrit : « Certains estiment que ce contrat, très localisé, ne serait pas suffisamment liquide pour attirer des investisseurs. Pourtant, on peut aisément imaginer que d’ici quelques années, le prix de l’eau vendue dans l’ensemble du monde par des multinationales soit indexé sur NQH2O. Car si une chose semble sûre, c’est que la pression va s’accentuer autour de ce bien. » Et elle conclut : « Le risque est bel et bien de voir le prix de l’eau s’envoler, car il n’existe pas de force de rappel sur ce genre de produits. »

L’eau, ce bien commun, n’est pas une marchandise, faut-il le rappeler avant que les fonds d’investissement ne fassent main basse pour la transformer en actif financier. Au détriment des moins riches, des pays pauvres et de la planète.