D’après le magazine économique Challenges, la fortune de L’Association familiale Mulliez (AFM), constituée en Groupement d’intérêt économique (GIE), s’élève à plus de 30 milliards d’euros ; elle serait classée au cinquième rang des fortunes professionnelles françaises.

On ne sait pas précisément combien le ‘’conseil de famille’’ compte de membres (on s’y perd) ; ils sont entre 550 et 700 et ils gèrent une myriade de marques et d’activités, d’Auchan à Pizza Paï, d’Alinéa à Saint Maclou, de Jules à Kiabi, de Norauto à Flunch, de Décathlon à Leroy Merlin, etc. 

Quand le ‘’conseil de famille’’ se réunit chaque année en mars, il est difficile de savoir qui est encore fidèle à la très sainte église catholique dont le patriarche, Gérard Mulliez, se réclame. Si on prie, c’est d’abord pour les affaires et pour les profits. Si l’apparence est honorable, les moyens pour gagner encore plus d’argent ne sont pas toujours vertueux. De nombreuses enquêtes se sont penchées sur les livres de comptes de plusieurs marques du groupe et ont flairé des méthodes délictueuses. Affaires (peu morales) à suivre.

Les Mulliez ont commencé à gagner de l’argent petitement, puis beaucoup, avec les filatures Phildar, dans leur région, le Nord ; les profits de la filature ont en effet permis la création d’Auchan. Peu reconnaissante, la famille vient de placer ses 115 magasins en procédure de sauvegarde. Les salariés iront donc grossir les effectifs de Pôle emploi, après lui avoir fait gagner un peu d’argent. Assez pour créer Auchan quand même ! Merci patron.

Chez les Mulliez, on prie et on adore multiplier les bonnes œuvres (surtout quand elles peuvent générer des profits). Et, parfois, chez ces gens-là on a des éclairs de mémoire. L’un de ses plus brillants cerveaux s’est rappelé du premier slogan du groupe, ‘’Tout sous le même toit’’, et a proposé d’en appliquer le principe pour attirer de nouveaux clients dans ses centres commerciaux, un peu désertés avec la crise sanitaire.

La filiale immobilière Ceetrus, qui gère pas moins de 342 centres commerciaux, a proposé de se joindre à la campagne chère au ministre de l’éducation nationale qui lui accordé le label Vacances apprenantes.

L’opération, baptisée ‘’Aushopping Campus’’ (on appréciera les anglicismes !), est organisée dans une cinquantaine de centres ; les enfants, du primaire au lycée, se voient proposer des ateliers de soutien scolaire d’une durée de deux heures en français, mathématiques, sciences et anglais, de cahiers de vacances, pendant que les parents remplissent le caddy dans les enseignes du groupe.

On ne sait pas par qui sont dispensés les enseignements, mais les professeurs, ceux de l’éducation nationale, sont inquiets. Le Mulliez ne parlent plus de ‘’tout sous le même toit’’, mais ne dissimulent pas leur stratégie de transformation du centre commercial en lieu de vie. Et même d’enseignement.

Jean-Michel Blanquer est radieux ; sa stratégie de privatisation de l’école a trouvé avec les Mulliez, un allié à la fois solide et bien-pensant.