Emmanuel Macron s’attaque à tout pour imposer sa vision de la société, ou plutôt celle qui lui est dictée par les acteurs financiers et les grands groupes industriels.
En matière d’enseignement, il a fait appel à un ministre entièrement dévoué à la cause, Jean-Michel Blanquer, issu de l’enseignement catholique et de Sciences Po, qui, auparavant, avait mis ses « compétences » au service des ministres aussi réactionnaires que lui, Gilles de Robien, Xavier Darcos et Luc Chatel. Notre homme n’est pas un inconnu et il a un passé qui ne plaide guère pour lui.
Jean-Michel Blanquer n’a jamais nié sa proximité avec l’Institut Montaigne ou le mouvement Sens commun ; on le soupçonne aussi d’être très favorable à la privatisation du service public de l’enseignement. Dans son livre L’école de demain, propositions pour une éducation nationale rénovée, il ose écrire : « L’enseignement privé pourrait être un partenaire plus important encore du service public par sa capacité à expérimenter et à accompagner certains des grands enjeux sociaux et sociétaux de notre temps » !
Macron ne s’était pas trompé : dès sa nomination, il revient sur la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem, demande aux enseignants de primaire d’appliquer la méthode syllabique d’apprentissage de la lecture. Ensuite, il réforme le baccalauréat et le lycée. Enfin, il annonce la suppression de 1800 postes de professeurs dans les établissements du second degré.
La vision du couple Macron-Blanquer est dénoncée par l’un des meilleurs pédagogues actuels, Philippe Meirieu, pour qui « un système scolaire est toujours par ce qu’il enseigne et sa manière de fonctionner, un système politique. Ce qui importe d’ailleurs, dans ce domaine, c’est moins ce qu’il affiche que ce qu’il met en pratique, comment il incarne la liberté (tous les élèves sont-ils vraiment ‘’libres’’ d’aller en classes prépas ?), l’égalité (le baccalauréat professionnel est-il vraiment ‘’à égale dignité’’ avec le baccalauréat général ?) et la fraternité (comment faisons-nous vivre au quotidien la découverte de la différence qui enrichit ?). Une école préfigure toujours un projet de société : elle est ‘’prépolitique’’, mais surtout pas apolitique. »(L’Humanité du 18 janvier).
Le service public de l’éducation nationale court un grave danger. Macron s’attaque à tout, dès l’école, pour conforter sa société inégalitaire.