Certes, Macron ne parle pas franchement ; il est même très habile pour masquer ses véritables intentions, notamment en matière de politique sociale. Par exemple, qui connaît la vérité sur la réforme des retraites ?

Seuls ceux qui ont une conscience de classe aiguisée et un solide bon sens, c’est-à-dire ceux qui triment dur pour gagner leur vie (parfois en-dessous du seuil de pauvreté) ont compris ce que signifient des termes comme ‘’âge d’équilibre’’.

Les éditorialistes, eux, n’ont pas compris ou feignent de ne pas avoir compris.

Une seule chose est claire, avec Macron, les fonds de pension et les assureurs se frottent déjà les mains. Depuis fort longtemps puisqu’ils sont les auteurs du projet de loi et du programme du candidat Macron.

BlackRock, le fonds d’investissement qui gère une masse de plus de 7000 milliards de dollars, a des dirigeants très intimes avec Emmanuel Macron. Ils ont table ouverte à l’Elysée et, dans un rapport remis au président de la République au cours de l’été 2019, ils n’hésitaient à reprendre les slogans de la BNP datant de 1974, nullement démodés : « Pour parler franchement, votre argent m’intéresse » et « Vous prenez l’argent au sérieux : nous allons nous entendre. »

Il se trouve que les Français pas si idiots que Macron le croit, ont dénoncé la morgue de BlackRock ; alors pour se refaire une (petite) virginité, le fonds américain a créé avec les gouvernements français et allemand (mais aussi quelques fondations) ce qu’ils ont appelé un ‘’outil d’investissement destiné à orienter les capitaux vers des projets liés au climat dans les pays du Sud‘’. Il a été baptisé Climate Finance Partnership (CFP), pompeusement.

L’objectif de départ est modeste, 100 millions de dollars, dont 30 millions pour chacun des deux gouvernements. C’est dire que BlackRock n’investira que quelques poignées de billets verts. Une goutte d’eau scandaleuse quand on sait que dans 25 des groupes dont il est actionnaire en France (comme Bouygues, Unibail Rodamco, Safran, Engie, Air Liquide, Sanofi, Vinci, Lagardère, Total, etc.), il a touché environ 1,2 milliards de dividendes pour la seule année 2019.

Il ne faut pas fâcher ses amis américains !

Dans le même ordre d’idées, Emmanuel Macron, ‘’pour parler franchement’’, avait pris une mesure qui le hantait : faire payer une taxe (dérisoire au demeurant) sur les bénéfices enregistrés en France par les GAFA. Donald Trump lui a fait les gros yeux et l’a menacé de le punir d’une telle audace. A Berlin, les deux hommes se sont rencontrés et Macron a rangé sa taxe dans sa poche.

Entre capitalistes mondialisés, on se comprend à demi-mot.

BlackRock pourra s’adonner à quelques projets philanthropiques avec l’argent des salariés français qui gagnent plus de 10 000 euros par mois, Amazon pourra continuer à narguer le fisc, Google à étendre ses activités dans le divertissement, etc.

Le tout en parfaite bonne conscience. Pendant ce temps-là, la terre continuera de brûler et les travailleurs à s’appauvrir en trimant de plus en plus longtemps.