Une fois encore, c’est hélas une habitude, la crise des ‘’gilets jaunes’’ met en lumière les dérives du traitement médiatique d’un événement exceptionnel, notamment par les chaînes dites d’information continue.

Celles-ci se complaisent dans un traitement spectaculaire, pour fédérer l’audience la plus large. Et, puissance de l’image dans notre société du spectacle, elles sont suivies par l’ensemble de la presse (ou presque).

Les reporters sur les rassemblements sont censés rechercher les ‘’bons clients’’, c’est-à-dire des grandes gueules, s’exprimant bien et tenant le discours que les chaînes veulent entendre, un discours réduit à quelques phrases simples et simplistes. Peu importe que ces « représentants » autoproclamés du mouvement ne représentent qu’eux-mêmes pourvu qu’ils fassent le spectacle attendu par les hiérarchies, ces journalistes qui ne sont jamais allés sur le terrain et qui, derrière leur bureau et devant leur ordinateur, connaissent tout et délivrent le discours que les propriétaires de leur média veulent entendre.

Dès qu’un ‘’bon client’’ est repéré, toutes les chaînes le veulent et l’invitent. On n’assiste plus à une concurrence sur la qualité de l’information mais sur la concurrence sans limite pour l’Audimat.

On n’a pas pu échapper à l’un d’eux, Christophe Chalençon, un artisan du Vaucluse, candidat aux législatives de 2017 sur une liste Générations citoyens (il n’a recueilli que 0,63 % des voix) qui s’est déjà distingué par son anti-islamisme et qui n’a pas hésité à demander la nomination du général de Villiers comme Premier ministre pour éviter la guerre civile.

Si les ‘’gilets jaunes’’ ont libéré la parole des citoyens, les chaînes d’information continue, elles, la leur ont confisquée au profit des ‘’bons clients’’.

Les contraintes qui pèsent sur les journalistes sont terribles ; le mécanisme qui entrave une véritable information pluraliste, complète et vérifiée est bien au point. Les journalistes seuls ne s’en délivreront pas et les ‘’gilets jaunes’’ devront se rapprocher d’eux plutôt que de les agresser.