Les jours d’après seront catastrophiques pour les gueux (quand les ultra-riches continuent de s’enrichir de manière éhontée) s’ils ne se mobilisent pas. Gouvernement et patronat, eux, sont sur le pied de guerre, préparant des plans qui laisseront la perspective des jours heureux à l’état de rêve lointain.

Bruno Le Maire est le maître d’œuvre quand Emmanuel Macron est le décideur. Nathalie Samson, journaliste de L’Express, lève un coin du voile d’un plan gouvernemental quasiment secret tellement il est explosif : « Il y a des signes qui ne trompent pas. Début février, Bercy a signé un contrat avec une vingtaine de cabinets de conseil spécialisés dans les restructurations (audit financier, recherche de financements et de repreneurs…). L’objectif ? Aider l’exécutif à gérer la vague de faillites qui va forcément déferler à mesure que les systèmes de perfusion seront progressivement débranchés. Un an après le début de la crise sanitaire, les défaillances d’entreprises sont au plus bas, mais la fermeture guette les plus fragiles, résume la dernière étude Altares, qui relève que, dans huit cas sur dix, ce sont des liquidations directes. Du jamais vu en vingt ans. 127 000 entreprises pourraient mettre la clé sous la porte d’ici à la fin 2022, d’après Euler Hermes. »

Si les cabinets de conseil missionnés par Bruno Le Maire sont aussi efficaces que McKinsey l’a été pour gérer la pandémie, le risque est grand !

Les faillites d’entreprises vont plonger des milliers de salariés dans un chômage de plus en plus massif. Notre système social a encore quelques atouts pour amortir la catastrophe, notamment la garantie des salaires et le privilège des créances salariales, prioritaire sur les autres. Mais, cet atout, le plus avancé en Europe, risque de voler en éclat d’ici au mois de juin.

Une directive européenne dite ‘’restructuration et insolvabilité’’ adoptée le 20 juin 2019 doit être transposée dans un délai de deux ans. Mais cette  transposition doit intervenir non pas après un débat parlementaire mais par voie d’ordonnance du gouvernement, conseillé par la vingtaine de cabinets conseils missionnés par Bruno Le Maire.

Le MEDEF, lui, a déjà indiqué que la garantie des salaires était trop généreuse et que le ‘’privilège des salariés’’ était exorbitant. La directive ne dit pas autre chose : c’est le fondement même de l’AGS (Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés, alimenté par une contribution patronale et géré uniquement par les patrons) qui est en grand danger.

L’institut Thomas More, ni syndical, ni révolutionnaire, mais libéral a fait part de ses craintes : « Dans le contexte difficile qui s’annonce, c’est un précieux outil à préserver. Le projet de réforme actuellement en discussion au ministère de la Justice, qui impacterait immanquablement le régime, est donc inquiétant et difficilement compréhensible… »

Macron, Le Maire, Dupont-Moretti et les autres se rangeront-ils encore une fois derrière les injonctions des grands patrons pour plonger les victimes du libéralisme davantage dans la misère, au risque de s’exposer à une explosion sociale, telle que l’institut en question semble le redouter ?