Valérie Pécresse est en campagne pour sa réélection à la présidence de la région Île-de-France et tous les moyens sont bons, y compris les mensonges, sur son compte Twitter.

Le 20 avril, elle a osé écrire : « Un procureur ne peut pas dire à des criminels qui voulaient brûler vif des policiers qu’ils sont ‘’une chance pour la France’’. La justice a été défaillante car elle n’a pas pris la mesure de l’atrocité de ce qui s’est passé à Viry-Châtillon. Il fallait des peines exemplaires ! »

Les deux phrases sont mensongères et insultantes pour les magistrats. Heureusement pour les citoyens, certains magistrats ont encore l’indépendance de la justice chevillée au corps et la procureure générale de la cour d’appel, Mme Catherine Champrenault, a vivement condamné les propos de celle qui se verrait bien candidate à l’Elysée après avoir conservé son fauteuil en Île-de-France.

La procureure générale a publié le communiqué suivant :

« Le verdict rendu dans l’affaire dite de ‘’Viry-Châtillon’’ a entraîné certains commentaires qui m’amènent à apporter des précisions, dans le respect des articles 14 et 20 de l’Ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante, qui prohibent toute publication du compte rendu des débats des cours d’assises des mineurs dans la presse ou de quelque manière que ce soit.

Le parquet général a soutenu l’accusation après avoir fait appel du verdict de première instance et requis des peines de12 à 25 ans de réclusion criminelle à l’encontre des accusés.

L’imputation à l’avocat génal de propos erronés me conduit à devoir les restituer avec exactitude.

D’une part, le magistrat soutenant l’accusation n’a jamais exprimé son ‘’empathie’’ à l’égard des accusés.

D’autre part, au stade des réquisitions sur les peines, l’avocat général a enjoint les accusés à ‘’se respecter eux-mêmes en assumant leur responsabilité pénal pour s’amender et construire un nouveau parcours de vie en respectant leur entourage. Assumer ses actes et devenir un homme donc. Pour ce faire il s’agira bien de briser cette loi du silence, cette omerta génératrice de violence dont vous avez été les auteurs ce 8 octobre 2016, en dialoguant, en échangeant, en parlant, non pas pour propager des rumeurs ou parler seulement entre vous, mais avec les autres, tous les autres, au-delà de la rue de la Serpente et de la Grande Borne, avec tous les citoyens venus d’horizons différents et qui font la richesse de notre pays, dont vous êtes, ne vous en déplaise, aussi les enfants.’’

La déformation publique, parcellaire et trompeuse des propos d’un magistrat, par des personnes manifestement animées d’une intention de nuire et dont certains n’ont pas assisté aux débats, constitue une nouvelle tentative de déstabilisation de l’institution judiciaire.

Je tiens à assurer toute ma confiance aux avocats généraux de mon parquet, dont la liberté de parole est garantie par l’article 33 du code de procédure pénal, et à saluer leur engagement pour veiller quotidiennement à l’application de la loi au nom de l’intérêt général. »

La réponse est cinglante, même si elle est mesurée et très circonstanciée.

Où il est prouvé que Valérie Pécresse a menti à des fins politiciennes, une fois encore, quand les élus devraient donner l’exemple du respect de la justice et de la chose publique.

Ce camouflet envoyé par la procureure générale aura-t-il des effets sur le comportement de Valérie Pécresse ? On peut en douter. En politicienne de droite, elle ne relèvera pas et passera à autre chose. L’un de mes auteurs préférés, José Saramago, avait dénoncé la posture des politiciens : « Il y a quelque temps, un politicien portugais, qui avait alors des responsabilités au gouvernement, a déclaré à qui voulait l’entendre que la politique est, en premier lieu, l’art de ne pas dire la vérité. Le pire, c’est qu’après qu’il eut dit cela, pas un seul politicien, que je sache, de la gauche à la droite, n’est venu le corriger en disant que, non monsieur, la vérité devra être l’objectif unique et ultime de la politique. Pour la simple raison que ce n’est qu’ainsi que les deux pourront être sauvées : la vérité par la politique, la politique par la vérité. »

Sans commentaire !