Les Etats-Unis sont un curieux pays ; ils se réclament de la modernité mais leurs institutions datent de 1787. Les petits Etats, ceux de ce qu’on a coutume d’appeler l’Amérique profonde, ont réussi à imposer un système devenu anachronique, qui leur est favorable.
Et toute réforme, en l’état actuel des choses, semble totalement impossible.
A l’heure où j’écris ces lignes, il semble probable que Joe Biden va remporter l’élection présidentielle, chassant le pire président que le pays a connu, Donald Trump.
Ce parfait imbécile, grossier, autocrate, pervers, menteur, misogyne, raciste, mégalomane, bref porteur de tous les défauts de la terre, a su tirer parti du système anachronique ; il a enregistré ses meilleurs résultats dans les petits Etats, flattant les instincts les plus réactionnaires des défavorisés, souvent racistes et réceptifs à des slogans aussi primaires que « America first ».
Mais si Trump est battu, la victoire de Joe Biden ne résout aucun des problèmes des Etats-Unis d’aujourd’hui. Les laissés pour compte du capitalisme complètement débridé n’ont rien à attendre de Biden, vieux cheval de retour. S’il a repris dans son programme quelques bribes du programme de l’aile progressiste du Parti démocrate, c’était pour le temps des élections et attirer les gens de peu qui s’étaient abstenus de voter pour Hillary Clinton.
Biden a gagné, mais pas la démocratie. Biden a battu Trump, mais le petit peuple a encore perdu. Seule la forme changera, pas le système, qui creuse chaque jour davantage les inégalités dans le pays le plus inégalitaire. Les Américains se débattent dans une crise profonde, avec une pandémie du coronavirus qui galope, un chômage qui explose, une pauvreté qui fait des ravages, une violence qui ne faiblit, des racistes et des suprémacistes arrogants…
Cette élection a été largement médiatisée en France ; les dysfonctionnements et les maux des Etats-Unis sont apparus en pleine lumière. Ceux qui vantaient le système américain vont éprouver dorénavant des difficultés à faire admettre que nos institutions devraient s’en inspirer.
La défaite désormais annoncée de Trump (mais à confirmer) aura agi comme un révélateur si, mais seulement si, les leçons en sont tirées par les citoyens et si les médias font œuvre pédagogique correctement.
On en reparlera.