Déborder Emmanuel Macron sur sa gauche est de plus en plus aisé ; la performance de Joe Biden n’est pas un exploit, juste le résultat d’une prise de conscience d’un (léger) glissement à gauche de l’électorat américain et du dérapage de plus en plus prononcé du président de la République française vers la droite de la droite libérale.

Joe Biden a utilisé l’expression « bien public mondial » pour justifier la levée des brevets sur les vaccins. Il ne s’est pas converti subitement en révolutionnaire, style Che Guevara ; sa prise de position est hypocrite et doit être remise dans son contexte. Mais elle a le mérite d’ouvrir un débat et de placer les dirigeants européens et notamment le locataire de l’Elysée en porte-à-faux.

Macron a profité d’un prétendu sommet social européen à Porto pour tenter de reprendre la main et de ne pas apparaître comme un étroit nationaliste vaccinal.

Il a déclaré : « Je suis ouvert sur ces questions de levée des brevets, je l’ai déjà dit, mais nous, les Européens, nous nous battons pour que le vaccin soit un bien public mondial depuis maintenant un an. Et je suis heureux que l’on nous suive. » Le seul problème est que Macron le matamore et ses collègues européens n’ont rien fait pour traduire cette belle déclaration et cette noble ambition dans les faits. Puis il a ajouté : « Ensuite, quel est le sujet actuellement ? Ce n’est pas vraiment la propriété intellectuelle. Vous pouvez donner la propriété intellectuelle à des laboratoires qui ne savent pas produire, ils ne le produiront pas demain (…) Je suis favorable à ce qu’on ait ce débat, mais il ne faut pas tuer la rémunération de l’innovation. Il faut toujours rémunérer les chercheurs, c’est important. Oui à la solidarité, mais elle passe aussi par ces mécanismes. »

Tout est dit ; l’art de dire tout et son contraire à deux phrases d’intervalle est sans doute ce qui reste du grand oral de l’ENA dans la mémoire du président de la République ultralibérale !

Pendant que Macron et les autres dirigeants européens (et même Biden) parlent, les grands laboratoires pharmaceutiques, gorgés de fonds publics, calculent rentrées d’argent colossales, profits et dividendes prodigieux.

Les fourberies de Macron ne trompent plus personne.