Emmanuel Macron, le président qui a tant méprisé le Parlement et les corps intermédiaires, écrit aux Françaises et aux Français. Faut-il s’étonner qu’il soit une fois encore dans le déni. Il se refuse à nommer un premier ministre de gauche pour appliquer un programme de rupture, écrit en trois jours et adopté par les électeurs aussi rapidement.
Selon le président, l’Assemblée nationale serait constituée de trois blocs de forces quasi équivalentes. Emmanuel Macron feint de ne pas voir que ‘’son groupe’’, Renaissance, il le doit à des électeurs de gauche qui n’ont pas hésité à voter pour des députés qui n’ont pas manqué de soutenir ceux qui ont défendu l’usage inconsidéré du 49-3. Par esprit républicain. Comme ils avaient voté Macron pour ne pas voir Marine Le Pen accéder à l’Elysée en 2017 et 2022.
Bref, Macron se conduit odieusement ; il cultive cet orgueil qui caractérise si bien les bourgeois. Et il n’hésite pas à convoquer les patrons et le gouverneur de la Banque de France pour voler à son secours. Ce qu’ils font avec empressement ; le programme du Nouveau Front populaire les a plongés dans le tourment.
François Villeroy de Galhau, ci-devant gouverneur de la Banque de France, a entendu l’appel de Macron et il est parti en guerre contre la proposition de SMIC à 1600 euros. Selon lui, « dans la compétition économique, nos PME, nos entreprises ne peuvent pas être alourdies par des coûts salariaux excessifs, y compris le Smic, et par des impôts trop lourds. Ça serait très mauvais pour l’emploi tout de suite, et très mauvais pour le pouvoir d’achat à terme. »
Dire cela, c’est osé quand le cabinet Altarès vient de publier une étude dans laquelle on peut lire que le nombre de défaillances d’entreprises a bondi de 23,4 % en un an, c’est-à-dire entre le second trimestre 2023 et le second trimestre 2024. Le directeur des études d’Altarès confie à la Tribune : « Nous avons un trimestre assez terrible. Il y a assez peu de référence équivalente dans notre histoire récente. Les rares périodes aussi douloureuses correspondent à la crise financière de 2009 ou la crise des dettes souveraines de 2012-2013. » Il apparaît difficile de mettre cette période douloureuse sur le compte des réformes proposées par le NFP, mais bien plutôt sur les conséquences de la politique de Macron et Le Maire. Les résultats de l’ultra-libéralisme sont catastrophiques pour l’économie française.
Les gardiens des dogmes du libéralisme sont incapables de relever l’économie, partout dans monde et pas seulement en France. En revanche, ils se refusent à l’admettre et ils s’accrochent à tous leurs pouvoirs, quitte à s’affranchir de la démocratie.
De ce côté-là, il n’y a rien de nouveau et seule l’intervention des citoyens peut les amener à céder. La lettre de Macron aux Françaises et aux Français ne changera rien à la problématique. Elle n’est qu’un faux-fuyant.