« Madame, Monsieur le Procureur de la République,

Nous avons l’honneur, par la présente, de porter à votre connaissance la potentielle commission d’une infraction délictuelle par Madame Corinne Masiero lors de la 45ecérémonie des César qui s’est déroulée le 12 mars 2021 à la salle de spectacle de l’Olympia dans le 9earrondissement de Paris. Au cours de cette cérémonie retransmise en direct sur la chaîne télévisuelle Canal+, la personne susnommée s’est totalement déshabillée imposant sa nudité, d’une part, au public physiquement présent dans la salle de spectacle et, d’autre part, aux téléspectateurs de l’émission. »

Julien Aubert, auteur de cette lettre, est député du Vaucluse pour les Républicains ; il a été rejoint par 9 autres députés et sénateurs, dont l’inénarrable Valérie Boyer. La bande des pisse-froid du parti de l’ordre appelle de ses vœux l’ouverture d’une procédure à l’encontre de Corinne Masiero. C’est osé et incroyablement immonde.

Les pisse-froid républicains rejoignent ainsi la Ligue pour la vertu qui, en 1933 (et après) aux Etats-Unis, s’était donné pour mission de purifier le cinéma. Leur Ligue 2021 sent un peu le rance ; celle de 1933 avait reçu le soutien du pape Pie XI ; aujourd’hui, il n’est pas sûr que le pape François bénisse leur croisade.

Ces pisse-froid ne supportent pas la nudité quand il s’agit d’un acte militant de dénonciation des conditions sociales ; ce sont d’ailleurs les mêmes qui dénoncent le célèbre tableau de Courbet, L’origine du monde.

Ils sont moins virulents quand il s’agit de dénoncer les prêtres pédophiles, leurs amis harceleurs, les publicités sexistes, les mariages arrangés entre grandes familles. Encore moins quand il faudrait se révolter pour faire échec aux lois liberticides.

Pour exister, ils sont prêts à tout. Y compris à dénoncer ceux qui n’ont plus rien et qui n’ont rien d’autre que leur corps pour lutter.

Car, oui, le corps est aussi une arme de lutte.