Emmanuel Macron s’est placé dans le sillon de Denis Kessler qui, en octobre 2007, dans l’hebdomadaire Challenges, osait écrire : « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Ces phrases sont d’une rare violence ; elles révèlent le sentiment profond de tous les ultra-riches et des politiciens ultra-libéraux (dont Macron et son gouvernement ne sont que les vassaux) vis-à-vis de ceux qui n’ont rien. 

Le peuple, lui, tente de résister, de plus en plus difficilement compte tenu de l’affaiblissement du droit du travail et de l’accaparement de toutes les instances représentatives issues d’élections anti-démocratiques malgré les apparences.

Ambroise Croizat, le ministre-citoyen à l’origine de la création de la Sécurité sociale avait répondu par avance à Kessler : « Jamais nous ne tolérerons que soit renié un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès. »

Maximilien Robespierre, lui aussi, dans son discours sur les subsistances le 2 décembre 1792 (il y a 230 ans) devant la Convention, avait (déjà) appelé à la résistance et dénoncé les élus toujours prompts à voler au secours des riches comme ceux du parti du président de la République, Renaissance : « Citoyens, c’est à vous qu’est réservée la gloire de faire triompher les vrais principes, et de donner au monde des lois justes. Vous n’êtes point faits pour vous traîner servilement dans l’ornière des préjugés tyranniques, tracée par vos devanciers, ou plutôt vous commencez une nouvelle carrière où personne ne vous a devancés (…) Et vous, législateurs, souvenez-vous que vous n’êtes point les représentants d’une caste privilégiée, mais ceux du peuple français ; n’oubliez pas que la source de l’ordre, c’est la justice ; que le plus sûr garant de la tranquillité publique, c’est le bonheur des citoyens, et que les longues convulsions qui déchirent les États ne sont que le combat des préjugés contre les principes, de l’égoïsme contre l’intérêt général, de l’orgueil et des passions des hommes puissants contre les droits et contre les besoins des faibles. »

Emmanuel Macron a placé le Parlement sous sa tutelle et gouverne à coup de 49-3 ; il renie ses engagements du 24 avril dernier et multiplie les prétendues concertations quand il délègue les décisions à des cabinets de conseils en stratégie comme McKinsey. Fidèle aux vœux de Denis Kessler, il est le digne représentant de cette « caste privilégiée » que dénonçait Robespierre.

Aujourd’hui, comme hier, il y a encore des révolutions à faire !