La casse sociale est annoncée ; le ministre de l’économie lui-même la confirme : « il y aura des faillites et il y aura des licenciements dans les mois qui viennent. »

Ce n’est pas vraiment le discours attendu d’un ministre de l’économie. N’est-ce pas déjà justifier une crise sociale dont la responsabilité incomberait à un sale virus plutôt qu’à un patronat gavé de dividendes ?

Les aides de l’Etat, sous forme de prêts ou de subventions mettent en jeu des sommes considérables. Mais pendant que le premier ministre prétend qu’il sera intransigeant sur la préservation de l’outil industriel, Bruno Le Maire, lui, répand un discours catastrophiste. La répartition des rôles est assumée.

La crise du système est antérieure à la pandémie ; Il est difficile de cacher que de nombreux plans de licenciements étaient envisagés et plus délicat encore de justifier l’utilisation d’aides publiques pour financer de prétendues restructurations entraînant abandon de sites de production et vague de suppressions d’emplois, pour tailler à nouveau dans le code du travail et faire avaler le slogan « travailler plus pour gagner plus » revenu curieusement à la mode après les exhortations réitérées du MEDEF.

Le mensonge est érigé en système de gouvernement, mais la dissimulation n’est pas la chose la plus aisée. Car qui osera encore croire que le gouvernement n’est pas au courant de la situation catastrophique laissée par Carlos Ghosn et l’absence de réflexion industrielle chez Renault depuis plusieurs années, alors que l’Etat possède 15 % de son capital et a laissé faire ?

Les annonces des dirigeants de Renault à quelques semaines de l’entrée en service du nouveau patron, Luca de Meo, le 1erjuillet, interpellent. Celui-ci a-t-il exigé que le ‘’ménage’’ soit fait avant sa prise de fonction pour ne pas être présenté d’emblée comme un coupeur de têtes ?

Comment le gouvernement peut-il ignorer le plan Hercule d’EDF visant à séparer les activités de production d’électricité conventionnelles et stratégiques, EDF-Bleu, et la production d’énergies renouvelables, la distribution et la commercialisation, EDF-Vert, partiellement privatisé (sur le modèle de ce qui a été réalisé à la SNCF séparant infrastructure, SNCF Réseau, et exploitation, SNCF Mobilités, et dont on a pu mesurer les résultats catastrophiques au niveau industriel et humain).

Le gouvernement peut-il ignorer les cessions envisagées par Engie, quand il détient un quart du capital (23,64 %)

Comment ose-t-il appeler à l’arrêt de la filiale d’Air France, Hop, et s’émouvoir des suppressions d’emplois par milliers (il détient 14,3 % du capital).

Le discours gouvernemental, surveillé de près par le président de la République, doit être entendu comme un signal d’alarme par ceux qui rêvent de jours heureux après la crise terrible que nous venons de traverser.

L’Etat actionnaire donne l’exemple ; les portes sont ouvertes largement et le MEDEF se précipite.

Le monde d’après ressemblera au monde d’avant, mais en pire (avec une explosion de la pauvreté), si les classes laborieuses ne se mobilisent pas avec les héros et ne dénoncent pas l’enfumage d’un gouvernement englué dans une défense farouche des dogmes libéraux, des traités européens, des milieux financiers et du grand patronat.