La Commission européenne a donc approuvé, conformément aux règles de l’Union européenne sur les fusions et acquisitions, le projet d’achat de Lagardère par Vivendi. La décision n’a surpris personne. Les règles sont conformes au dogme ultra-libéral, comme je le mentionnais hier, ici même.

La Commission européenne n’invente rien ; ses règles ont été peaufinées tout au long des traités signés par les chefs d’Etat ou de gouvernement, souvent contre l’avis des citoyens et de leur vote.

Les pays de l’Union européenne se sont largement inspirés des règles du pays du libéralisme triomphant et sans entrave, les Etats-Unis ; mais, sous la pression des grands groupes industriels et grâce à un climat politique favorable, ils sont allés plus loin, beaucoup plus loin, dans la déréglementation économique et sociale.

Hier, la Federal Trade Commission (FTC) a demandé à un tribunal fédéral de San Francisco de suspendre le rachat par Microsoft d’Activision Blizzard, le troisième acteur mondial de jeux vidéo (pour environ 64 milliards d’euros !).

La FTC a estimé que, en contrôlant les contenus d’Activision, Microsoft pourrait, et aurait intérêt à retenir ces contenus pour ses seules plateformes, ou à en diminuer la qualité d’une façon qui affaiblirait la concurrence, y compris en matière de qualité, de prix et d’innovation.

Problème, la Commission européenne avait approuvé l’opération de rachat de Microsoft le 15 mai dernier, au prétexte que le développement de la technologie développée par Microsoft, (le cloud gaming qui permet de jouer en ligne depuis tous les terminaux mobiles ou non, téléphone, console, ordinateur, tablette ou télévision) sera ainsi stimulée.

L’argument de la technologie innovante a beaucoup servi dans la construction européenne ; elle sert encore, même si elle est éculée. En revanche, les effets des concentrations sont minimisés. Dangereusement.

Autre exemple, la justice américaine avait bloqué la mégafusion dans l’édition, la prise de contrôle de Simon & Schuster par Penguin Random House (groupe Bertelsmann) au nom des lois antitrust. La Commission européenne, elle, a autorisé Bolloré à reprendre Lagardère (et le troisième éditeur mondial Hachette), décision contraire aux intérêts des auteurs, malgré l’injonction de se séparer d’Editis.

Au jeu de qui est le plus libéral, la Commission européenne est sans adversaire !