Bruno Le Maire nie la réalité ; il serait préférable de dire qu’il la travestit. Quand les bénéfices des grands groupes explosent et rendent possible les augmentations de salaires et les contributions exceptionnelles, le ministre de l’économie s’oppose à toutes les mesures qui pourraient relancer la consommation et, par voie de conséquence, l’économie.
Devant le Sénat, avec suffisance, il a déclaré que « quand on est le pays le plus taxé de tous les pays européens, on ne rajoute pas une taxe supplémentaire à toutes les taxes qui existent déjà ». Remarque osée quand on sait que Total et d’autres ont vu leurs chiffres d’affaires doubler.
Mais Le Maire manie l’insulte en qualifiant la proposition de taxer les superprofits de « réflexe pavlovien de la taxe ». L’insulte est l’expression des réflexes de classe des ministres de droite !
Bruno Le Maire ne brille pas par son intelligence, mais il a des conseillers (l’Elysée aussi) qui ont des idées diaboliques. On peut les mesurer au travers de la proposition (adoptée par toute la droite et l’extrême droite) d’abandon des RTT par les salariés.
La mesure revient à s’affranchir de la durée légale du travail jusqu’à fin 2023 (avant son abandon total ensuite ?) ; en outre, avec le dispositif actuel, un salarié outrepassant la durée légale du travail voit ses heures supplémentaires majorées de 25 %, mais les heures de RTT vendues ne le seront qu’à hauteur de 10 %.
Travailler plus pour gagner plus, le slogan n’est plus d’actualité ; il est remplacé, sans l’avouer par travailler plus pour gagner moins.
Hier, un salarié appelé à travailler et à abandonner un ou plusieurs jours de RTT voyait ses heures supplémentaires soumises aux cotisations sociales ; désormais le rachat des RTT n’est plus soumis à cotisations.
Au total, les patrons sont les seuls bénéficiaires de ce qui a été présenté comme un coup de pouce au pouvoir d’achat. Le gouvernement renforce l’évitement du salaire et la nécessaire réforme de la Sécurité sociale avec la bénédiction de toute la droite réunie.
L’opération est diabolique et n’a pu naître que dans des esprits pervers. Diabolique, vous dis-je !