La liste des suppressions d’emplois s’allonge inexorablement, chaque jour. Les médias ne parlent que des plans dits sociaux les plus importants, faute de recenser la liste des artisans, commerçants, paysans contraints d’arrêter leurs activités.
Triste spectacle de désolation !
La pandémie est mise à contribution pour justifier l’injustifiable, c’est-à-dire pour les plus importantes entreprises le maintien des dividendes à un niveau indécent ; les salariés étant de plus en plus la variable d’ajustement.
Dernière catastrophe annoncée, la suppression de 750 des 1700 emplois dans l’usine Robert Bosch de Rodez.
Pour la ville de Pierre Soulages (25 000 habitants et 50 000 dans l’agglomération) à moins de 150 kilomètres de Toulouse, il s’agit de la mort annoncée du plus gros employeur industriel du département de l’Aveyron. Il y a fort à parier que le gouvernement français a fait pression sur le groupe pour ne pas annoncer la fermeture d’un site où le candidat Emmanuel Macron s’était rendu en 2017 ; qu’en sera-t-il après l’élection présidentielle de 2022 ?
Le cas de Bosch à Rodez est exemplaire. Le groupe Bosch est géré par une fondation et ne distribue pas de dividendes, seuls les membres de la famille, héritiers du fondateur Robert Bosch, touchent une part infime des bénéfices sous forme de rente.
Les bénéfices sont reversés à la fondation après que les dirigeants aient évalué les sommes nécessaires aux investissements et à la recherche et développement.
Ces mêmes dirigeants tentent de justifier leur décision à Rodez en raison de la spécialisation de l’usine qui produit exclusivement des composants pour moteur diesel (bougies de préchauffage et injecteur, notamment). L’argument est un peu court ; en effet, l’abandon des moteurs diesel est en question depuis plusieurs années et Bosch n’a pas pris la peine d’orienter la production vers d’autres produits.
Si Bosch ne verse pas de dividendes, un capitaliste reste un capitaliste, qu’il soit Allemand, Français ou Américain. L’usine ne répond plus à son marché : on ferme.
Pauvres salariés de Bosch à Rodez, où retrouveront-ils du travail dans une région qui souffre de la récession dans l’aéronautique ? Pauvre commune de Rodez qui va voir partir sa plus grosse usine. Pauvres commerçants qui vont baisser le rideau faute de clients. Le musée Soulages ne suffira pas à éviter la désertification de la ville.
On attend une réaction du Haut-commissaire au plan, François Bayrou : que fait-il pour relancer l’industrialisation de la France ?