Il a fallu vingt ans pour que la France reconnaisse que l’avocat et militant nationaliste algérien Ali Boumendjel a été assassiné le 23 mars 1957. Vingt ans après l’aveu du général tortionnaire Paul Aussaresses reconnaissant son implication dans ce meurtre, maquillé et déclaré comme un suicide.
La France des Lumières ne sera jamais celle de celui qui se faisait appeler le commandant O, qui a pratiqué la torture sans regrets, ni remords.
Certes, Emmanuel Macron a été celui qui a osé reconnaître officiellement cette triste page de l’histoire coloniale de la France (après avoir également reconnu le meurtre de Maurice Audin trois mois plus tard, le 21 juin 1957). Mais le communiqué de l’Elysée aurait mérité d’aller plus loin. Dire que : « Au cœur de la Bataille d’Alger, il fut arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957. », n’est pas à la hauteur de faits avérés depuis des décennies. L’aveu est trop timide. Macron ne veut pas effrayer les partisans de l’Algérie française (il y en a encore) et la droite revancharde. On se demande pourquoi.
D’autres Algériens assassinés par les militaires français attendent d’autres aveux ; pourquoi cette politique des petits pas ?
Macron a ajouté que le travail de vérité « sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois. » On sent comme un malaise, ressenti aussi par les historiens qui se heurtent à des tracasseries pour avoir accès aux archives.
La vérité historique finira pas éclater ; mais elle gêne encore dans un contexte où l’autre, quel qu’il soit, est présenté comme un délinquant, où être Arabe est encore un obstacle dans la vie quotidienne pour de nombreux citoyens.
On attend la suite avec impatience. Il faut reconnaître toutes les exactions commises au nom de la France dans des terres qui n’étaient pas les siennes.