Jean-Pierre Pernaut a quitté le plateau du journal télévisé de 1H de TF1. La face du monde n’en sera pas changée pour autant et le JT de la chaîne Bouygues continuera de déverser le même flot d’images et les mêmes commentaires bêtifiants.
Pernaut est en effet de ceux qui ont changé l’information télévisée avec Patrick Poivre d’Arvor, Claire Chazal, Christine Ockrent, Roger Gicquel, David Pujadas et quelques autres. Avec eux, le JT n’informe plus mais distrait ; il est construit sur les mêmes ressorts ‘’dramaturgiques’’ que les séries, avec une priorité accordée aux faits divers et à l’émotion, à l’image-choc et à quelques personnalités en vue. Il ne donne plus à comprendre mais à consommer : il raconte le monde non à l’expliquer.
Tous les JT se ressemblent, privilégiant la forme et oubliant le fond.
Les présentateurs-vedettes sont interchangeables ; on pourrait imaginer Poivre d’Arvor sur France 2 et Anne-Sophie Lapix sur TF1. Pour qu’on ne s’y trompe pas, TF1 est allée faire son marché sur France 2 pour trouver un successeur à Jean-Pierre Pernaut ; Marie-Sophie Lacarrau sera au moins aussi franchouillarde que son prédécesseur et n’élèvera pas le niveau des téléspectateurs. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été recrutée.
France 2, à l’inverse, n’est pas allée faire son marché sur TF1 ; elle a privilégié la recherche en interne et la direction de France Télévisions a installé Julian Bugier à la place de Marie-Sophie Lacarrau. Le jeune homme, bien mis et parfaitement compatible avec la fonction, sera la titulaire du fauteuil lundi. Il en rêvait, il a obtenu ce qu’il espérait depuis quelques temps déjà. Lui non plus ne fera pas évoluer le contenu de l’information. Hélas. Le service public ne se distingue plus des chaînes privées : il court derrière.
Les autres médias ont vu fleurir des publicités pour attirer l’attention du public du changement. Le slogan est simple : « Vous allez aimer déjeuner avec lui. Dès le 4 janvier, Julian Bugier présente le journal de 13h. »
J’ai envie de dire à la direction de France Télévisions et à son directeur de l’information : on se fout littéralement de qui présente le journal ; le présentateur n’est rien pourvu qu’ait une information complète, vérifiée et mise en perspective. C’est-à-dire tout le contraire de ce qui va perdurer à l’antenne.
L’information d’abord, Julian Bugier à son service. Non l’inverse. Et basta la personnalisation.