Ceux qu’on appelle la classe politique et sa déclinaison médiatique ont effectué une rentrée très électorale. Le ton a été donné par le président de la République à Marseille.
Emmanuel Macron profite de sa position et des finances de l’Etat pour aller déverser un pognon de dingue à Marseille. Les Marseillais n’ont pas réagi avec enthousiasme ; on leur a déjà tant promis et le généreux donateur est tellement dévalué…
Il ne suffit pas d’avoir de l’argent pour séduire l’électorat des quartiers nord de la cité phocéenne ; dans le même temps, il faut éviter les faux-pas (très calculés pour flatter les sentiments les plus bas). Et Macron est un devenu un spécialiste dans le genre, comme d’embrasser dans une séquence audiovisuelle un clin d’œil à un duo débile, Mcfly et Carlito, et un hommage à Samuel Paty, le professeur assassiné et décapité par un fou de dieu.
Puis, comme si cela ne lui suffisait pas, le président a repris les insultes de son ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, en déclarant : « Nous serions ou aveugles ou naïfs de penser que la totalité des allocations servent à acheter des fournitures scolaires. »
Les pauvres ont apprécié la saillie présidentielle !
Les enseignants ont eu droit eux aussi à l’insulte présidentielle ; Emmanuel Macron a ressorti sa provocation favorite et annoncé vouloir faire de Marseille un laboratoire : dans 50 écoles, les directeurs auront la liberté de choix des enseignants. Il a lourdement insisté en justifiant la mesure « pour être sûr qu’ils sont plinement motivés, qu’ils adhèrent au projet ». Goguenard, il a avoué que son projet est « plein de gros mots pour beaucoup de gens ».
A Marseille, il ne pouvait pas oublier son aversion pour les fonctionnaires et il a fustigé leur trop grand nombre. Un geste normal pour celui qui supprime les emplois par vagues entières dans les hôpitaux, dans l’enseignement, à l’inspection du travail, à la Poste, à la SNCF, etc.
L’insulte est la seconde nature du président.
Auparavant, un ancien premier ministre, qui ne sait plus où il habite aujourd’hui (Paris, Barcelone, Evry ?), a ajouté une pincée d’ignominie aux propos de celui qu’il adule aujourd’hui : « Il y a un échec collectif, et cela veut dire qu’à Marseille, il faut tout reprendre à zéro. Ce qu’on appelle les banlieues, en Ile-de-France, sont au cœur de la ville, marquées par la pauvreté, les inégalités, la violence et l’insécurité. C’est à dire que, là bas, il faut tout raser. »
Manuel Valls inaugurait ainsi sa récente promotion de chroniqueurs sur BFM TV de la plus infâme des façons ; il a été aussitôt dénoncé par des citoyens qui n’ont pas la mémoire courte. L’un a rappelé que, en 1943, après l’odieuse rafle du Vieux Port de Marseille par les nazis et la police française, le quartier avait été rasé. Un autre lui a infligé un énorme en camouflet en avançant deux hypothèses : « 1. Valls connaissait cet événement, et il a parlé en connaissance de cause. 2. Il ne le connaissait pas. Plus vraisemblable vu son inculture. L’hypothèse 2 en dirait long: une certaine pensée débouche sur certaines solutions. »
Ce ne sont que les premières salves d’arguments ; on attend les prochaines qui risquent de ne pas voler plus haut pour mieux masquer la vacuité des programmes des candidats de la droite la plus bête du monde, mais la plus dangereuse.