Vincent Rémy est journaliste à Télérama ; il n’a pu retenir sa colère devant le pitoyable spectacle offert par les politiques venus parader (et chercher quelques voix à l’approche des élections) à la tribune du congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Il a qualifié ce spectacle de barnum institutionnel.

Je partage sa colère et, aussitôt, je relaie un extrait de sa chronique :

« Arrêtons-nous un moment devant un de ces gigantesques champs de maïs qui prolifèrent en France, destinés à l’alimentation animale – donc aux steaks qu’on peut acheter en se rendant en voiture dans une zone commerciale, entre deux ronds-points et trois zones logistiques. Écoutons le silence de ce champ. Aucune chance d’y entendre la moindre mésange ni le moindre chardonneret, les insectes ne sont pas là non plus, et n’allons pas inspecter le sous-sol, pas de risque d’y trouver un ver de terre. Le glyphosate fait son boulot. « La vie sauvage » a disparu. On ne peut pas « renverser le modèle du jour au lendemain », n’est-ce pas ? On ne peut pas non plus se passer d’importer du soja d’Amazonie pour nourrir « le minerai animal » des élevages concentrationnaires de Bretagne qui font fleurir les algues vertes ? On ne peut pas limiter notre empreinte carbone ? Si, on peut. En refusant ce que deux chercheurs allemands appellent « le mode de vie impérial ». En réfléchissant à chacun de nos actes de consommation. En s’engageant et en choisissant des représentants politiques qui pensent que, oui, on peut. »

Certes, nous pouvons nous engager individuellement, mais nous savons bien que l’enjeu dépasse nos petits intérêts égoïstes. Et que nous avons un bulletin de vote pour choisir nos représentants politiques qui vaut bien plus que nos gestes du quotidien. Car tous nos bulletins, ensemble, ont un poids considérable.