L’initiative est partie de la région Aquitaine et s’est étendue. Au bout du compte, une cinquantaine de maisons d’édition décidait de boycotter Jeff Bezos et son marché mondial. Le mot d’ordre « Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon » se doublait d’un appel à « l’ensemble des maisons d’édition et acteurs-rices de la chaîne du livre à nous rejoindre dans cet engagement ».

Le mouvement vient de s’étendre au réseau de librairies. Deux associations, Librairies en Nouvelle-Aquitaine (LINA) et Librairies du Sud, décidaient « d’apporter leur solidarité de libraires à ces éditeurs qui ont choisi de se passer d’Amazon. Afin de soutenir leur démarche qui représente un sacrifice économique non négligeable, nous vous proposons de commander des ouvrages auprès de ces éditeurs et de les mettre en avant pour cette fin d’année. »

Selon le site Actualitté, « l’association LINA remonte des témoignages de lecteurs particulièrement encourageants ». Sa présidente, Cécile Bory constate en effet que : « Beaucoup de nos libraires nous racontent que de nouveaux clients se présentent chez eux, avec un discours changé. Ils expliquent avoir pris conscience de ce que l’acte d’achat chez Amazon implique et qu’ils préfèrent réaliser quelques kilomètres, et éventuellement attendre pour recevoir leur livre. Sans prescripteurs, le public finissait par lire les mêmes titres, n’ayant que la presse et les médias qui eux-mêmes tournent un peu en boucle. Quand nous avons pris connaissance de l’action de ces éditeurs indépendants regroupés pour un boycott, notre Conseil d’administration a adopté à l’unanimité la décision d’un soutien. C’est notre rôle de librairies indépendantes que de sortir des sentiers battus et de pouvoir proposer des lectures plus confidentielles. Bien entendu, chaque libraire agit à son niveau, suivant ses goûts et ses envies. Mais une telle démarche reflète la logique même de la chaîne du livre. »

Si de nombreux secteurs d’activité pouvaient imiter éditeurs, diffuseurs et libraires, la firme de Jeff Bezos, à la fortune démesurée et aux pratiques sociales d’un autre âge, nul doute que la société se porterait mieux.

Hélas, les grands éditeurs qui dominent le marché, Hachette (Lagardère) et Editis (Bolloré), n’ont pas rejoint l’initiative. Et ne la rejoindront jamais.